Macron, Scholz et Draghi en visite inédite à Kyiv

La Pressa.ca(Kyiv) Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Mario Draghi ont entamé jeudi une visite inédite de « soutien » à Kyiv, alors que l’Union européenne doit décider la semaine prochaine si elle accorde à l’Ukraine le statut officiel de candidat à l’Union européenne.

« Il faut que l’Ukraine puisse résister et l’emporter » face à l’armée russe, a-t-il déclaré. « La France est aux côtés de l’Ukraine depuis le premier jour » […] nous sommes aux côtés des Ukrainiens sans ambiguïté «, a-t-il affirmé.

Le chancelier allemand Olaf Scholz, critiqué lui pour le peu de livraisons d’armes allemandes à l’Ukraine, n’a pas fait de déclaration formelle pour l’instant. Il a indiqué que la visite visait » à manifester notre solidarité « et à » assurer que l’aide que nous organisons, financière, humanitaire, mais aussi lorsqu’il s’agit d’armes, se poursuivra […] aussi longtemps qu’il le faudra pour la lutte pour l’indépendance de l’Ukraine «, dans un entretien au quotidien Bild publié à son arrivée à Kyiv.

Comme d’autres dirigeants européens venus à Kyiv avant eux, les dirigeants ont déambulé dans les rues d’Irpin, s’arrêtant devant des bâtiments détruits par les combats ou une voiture calcinée, et visionnant une vidéo d’Irpin au cœur des combats.

À l’issue de cette visite, le président français a loué » l’héroïsme « des Ukrainiens.

 » C’est ici, entre autres, que les Ukrainiens ont arrêté l’armée russe qui descendait sur Kyiv. Donc il faut se représenter l’héroïsme de l’armée, mais aussi de de la population ukrainienne «, a déclaré M. Macron, évoquant » les stigmates de la barbarie « et les enquêtes en cours en cours sur les crimes de guerre dont les Ukrainiens accusent les forces russes.

Des centaines de civils ont été tués dans les villes d’Irpin, Boutcha et Borodianka, pendant l’occupation russe de cette région en mars. Des enquêtes internationales sont en cours pour déterminer les coupables de ces crimes de guerre dont les Ukrainiens accusent les forces russes.

 

 » Signaux politiques clairs «

 

Les quatre dirigeants devaient ensuite retourner dans le centre de Kyiv pour des entretiens avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, avant une conférence de presse commune dans l’après-midi.

Photo SERGEI SUPINSKY, Agence France-Presse

De gauche à droite : le chancelier allemand Olaf Scholz, le président français Emmanuel Macron, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le premier ministre italien Mario Draghi et le président roumain Klaus Iohannis.

 

 

La capitale ukrainienne a repris vie depuis le retrait russe de la région, mais est encore occasionnellement frappée par des tirs russes. Les sirènes d’alerte y retentissent fréquemment, comme cela a été le cas peu après l’arrivée des dirigeants européens.

La question d’une adhésion de l’Ukraine à l’UE devrait être au cœur des discussions. M. Zelensky martèle que son pays, en défendant » les valeurs « de l’Europe face à l’agression russe, a gagné le droit de rejoindre le bloc européen, que l’UE refusait d’envisager avant le début de l’invasion russe.

Les Vingt-Sept doivent décider, lors d’un sommet les 23-24 juin, s’ils accordent dans un premier temps à l’Ukraine le statut officiel de candidat à une adhésion, début d’un processus de négociations qui peut durer des années. La Commission européenne doit faire connaître sa recommandation vendredi.

Mercredi, depuis la Roumanie, le président français avait souligné la nécessité d’envoyer des » signaux politiques clairs « aux Ukrainiens dans une » situation géopolitique inédite « .

Parmi les 27, les pays d’Europe de l’Est appuient cette candidature, mais d’autres comme le Danemark ou les Pays-Bas ont exprimé des réserves. Toute décision nécessite l’unanimité.

L’Ukraine pourrait obtenir un statut de candidat sous conditions ou assorti d’une date pour l’ouverture des négociations, selon certains experts.

La France se dit » ouverte « à cette candidature, mais propose la création d’une Communauté politique européenne qui permettrait d’ancrer plus vite l’Ukraine à l’Europe, en l’associant à des projets concrets de défense, d’énergie ou d’infrastructures, sans attendre une adhésion. Une proposition fraîchement accueillie à Kyiv, qui redoute qu’elle renvoie une adhésion à l’UE aux calendes grecques.

Le président ukrainien devrait également réitérer sa demande d’accélération de livraisons d’armes lourdes.

 » L’Ukraine doit obtenir tout ce qui est nécessaire pour remporter la victoire «, a-t-il insisté mercredi devant les députés tchèques.

M. Macron a assuré que la France avait contribué à fournir des équipements militaires » défensifs puis offensifs «, notamment avec la fourniture de canons automoteurs Caesar, déjà utilisés sur le front du Donbass.

 

 » Moment charnière «

 

La visite intervient alors que les forces ukrainiennes sont en difficulté dans le Donbass, région de l’est de l’Ukraine partiellement contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014 et que Moscou s’est fixé pour objectif de contrôler en totalité.

Les États-Unis ont annoncé mercredi une nouvelle tranche d’aide militaire à l’Ukraine d’un milliard de dollars, qui comprend notamment des pièces d’artillerie et des obus supplémentaires.

 » Je veux dire ma gratitude pour ce soutien, il est particulièrement important pour notre défense dans le Donbass «, a réagi M. Zelensky dans son message vidéo quotidien.

Le chef du Pentagone Lloyd Austin a appelé mercredi ses alliés à » intensifier « les livraisons d’armes aux Ukrainiens.

 

Photo VALERIA MONGELLI, Agence France-Presse

Le chef du Pentagone, Lloyd Austin.

 

 » L’Ukraine est confrontée à un moment charnière sur le champ de bataille «, a-t-il déclaré lors d’une réunion à Bruxelles des pays du » groupe de contact « créé par les États-Unis pour aider militairement l’Ukraine. » Nous devons donc intensifier notre engagement commun « et » redoubler d’efforts pour qu’elle puisse se défendre «, a-t-il ajouté.

Les combats se concentrent depuis plusieurs semaines sur Sievierodonetsk et Lyssytchansk, deux villes voisines clé pour le contrôle du Donbass, soumises à des bombardements constants et dont la quasi-totalité des infrastructures-électricité, eau, communications-ne fonctionnent plus.

 » C’est de plus en plus difficile tous les jours, les Russes amènent de plus en plus d’armes dans la ville et essaient d’attaquer depuis plusieurs directions «, a déclaré jeudi Oleksandr Striouk, maire de Sievierodonetsk.

Les forces ukrainiennes sont notamment retranchées dans l’usine chimique Azot, emblématique de cette ville comptant avant la guerre quelque 100 000 habitants, avec plus de 500 civils à l’intérieur, selon le maire de Sievierodonetsk Oleksandre Striouk.

Moscou a proposé mardi un » couloir humanitaire « qui permettrait d’évacuer ces civils vers des territoires contrôlés par les Russes, avant d’accuser Kyiv mercredi d’avoir » fait échouer « l’opération.

Au total, quelque 10 000 civils sont encore présents à Sievierodonetsk, a indiqué jeudi Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Louhansk.

 

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Benoît FINCK avec Anna MALPAS à Lyssytchansk
Agence France-Presse

Source : La Pressa.ca (Canada)

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