Mauritanie : l’ancien DG de l’agence chargée de l’état civil rattrapé par l’histoire

Incontestablement le limogeage du directeur général de l’Agence nationale du Registre des populations et titres sécurisés est un pas vers une reconnaissance du génocide biométrique initié par l’ex-président Ould Aziz en 2019. Ould Ghazouani met fin ainsi aux nombreuses tracasseries d’accès des citoyens à l’Etat civil depuis plus d’une décennie.

Les observateurs ne sont pas surpris de la nomination d’un nouveau directeur général de l’Agence nationale chargée de l’Etat civil dans le collimateur du gouvernement depuis plus d’une année. Les derniers développements sur la pression des opérateurs téléphoniques pour résoudre les retards des dossiers dans les différents centres de recensement du pays sont assez significatifs à cet égard. Un limogeage de Ould Boucef à la tête de l’Agence nationale chargée de l’Etat-civil depuis 2017 sous le régime de Ould Aziz. Il vient ainsi d’être rattrapé par l’histoire après plus d’une décennie de mise en œuvre d’une politique discriminatoire du recensement biométrique.

A l’origine qualifiée de modernisation de l’Etat civil, l’opération d’enrôlement des populations s’est transformée au fil des années en un procédé biométrique d’exclusion de deux composantes mauritaniennes les négro-africains et les Harratins, qui constituent au plan démographique plus de la moitié de la population. Ce sont de milliers de mauritaniens qui sont devenus des apatrides et des sans-papiers chez eux.

Une double peine surtout pour les 20000 réfugiés rentrés en 2008 et dont la majeure des enfants ne vont plus à l’école faute d’état civil. Il s’agit d’un génocide biométrique dénoncé par TPMN (Touche pas A Ma Nationalité) le premier mouvement citoyen qui a contribué grandement à la mobilisation des citoyens pour recouvrer leurs droits.

Cette sensibilisation citoyenne dépasse largement les frontières mauritaniennes. Ce changement de direction au niveau de l’Agence nationale du Registre des populations et Titres sécurisés est un premier pas vers un état civil pour tous les Mauritaniens.

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste