Au Sénégal, onze bébés meurent dans un incendie à l’hôpital de Tivaouane

Après l’affaire Astou Sokhna, une femme enceinte morte après avoir attendu en vain une césarienne, ce drame remet en lumière les graves carences du système sanitaire public du pays.

Le Monde – Onze bébés ont péri dans un incendie dans un hôpital à Tivaouane, dans l’ouest du Sénégal, mercredi 25 mai. Un drame qui remet en lumière les graves carences du système sanitaire public de ce pays pauvre. « Je viens d’apprendre avec douleur et consternation le décès de onze nouveau-nés dans l’incendie survenu au service de néonatalogie de l’hôpital » public de Tivaouane, a tweeté le président sénégalais, Macky Sall. « A leurs mamans et à leurs familles, j’exprime ma profonde compassion », a-t-il ajouté.

« Trois bébés ont été sauvés », a précisé Demba Diop, le maire de Tivaouane – une ville religieuse, fief de l’influente confrérie musulmane des tidianes. L’incendie a été causé par « un court-circuit et le feu s’est propagé très vite », a dit M. Diop, qui est également député et plus connu sous le nom de Diop Sy. « Cette situation est très regrettable et extrêmement douloureuse. L’enquête est en cours pour voir ce qui s’est passé » , a déclaré mercredi le ministre de la santé, Abdoulaye Diouf Sarr, sur la radio RFM. En voyage à Genève, où il assistait à une réunion de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), M. Sarr a annoncé qu’il rentrait au Sénégal dès jeudi.

 

Une équipe du ministère de la santé, conduite par le directeur des établissements publics de santé, Ousmane Dia, était en route pour Tivaouane, a-t-on appris auprès du ministère. Le ministre de l’intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, était lui aussi attendu dans la nuit de mercredi à jeudi à Tivaouane, selon la presse locale. Sur Twitter, le responsable de la section sénégalaise d’Amnesty International, Seydi Gassama, a exhorté « le gouvernement à mettre en place une commission d’enquête indépendante pour situer les responsabilités et sanctionner les coupables », sur Twitter.

Vague d’indignation

« Encore des bébés brûlés dans un hôpital public. C’est inacceptable Macky Sall », a tweeté un député de l’opposition, Mamadou Lamine Diallo. Quatre nouveau-nés avaient en effet déjà péri le 25 avril 2021 dans un incendie à Linguère (nord). Le maire et alors ministre de l’intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, avait évoqué un dysfonctionnement électrique d’une unité de climatisation dans la maternité, où se trouvaient six bébés.

Début avril, un autre drame survenu dans un hôpital public avait déjà bouleversé le Sénégal. La presse avait rapporté qu’Astou Sokhna, une femme d’une trentaine d’années enceinte de neuf mois, était morte le 1er avril à l’hôpital de Louga (nord) après avoir attendu dans de très grandes souffrances, pendant une vingtaine d’heures, la césarienne qu’elle réclamait. Le personnel aurait argué que son opération n’était pas prévue et aurait menacé de la chasser si elle insistait.

 

Ce décès avait suscité sur les réseaux sociaux une vague d’indignation contre les carences du système de santé publique. Face au tollé provoqué par la mort d’Astou Sokhna, le président Sall avait donné pour instruction de chercher les responsabilités. Le ministre de la santé avait reconnu le 14 avril que sa mort aurait pu être évitée. Le directeur de l’hôpital a été révoqué et remplacé. Trois sages-femmes qui étaient de garde la nuit du drame ont été condamnées le 11 mai à six mois de prison avec sursis pour « non-assistance à personne en danger » par le tribunal de grande instance de Louga. Trois autres sages-femmes, de garde pendant la journée, ont été relaxées, selon un avocat de la défense.

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Source : Le Monde avec AFP

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