Le rap, levier d’engagement de la jeunesse mauritanienne

À Kaédi, dans le sud du pays, le collectif de rappeurs GMP 100 Tinel a créé un studio et organise des formations professionnalisantes pour les jeunes. Le but : toucher la jeunesse et la responsabiliser, pour éviter qu’elle ne quitte le pays.

La Vie  – Depuis cette rue ensablée de Kaédi, dans le sud de la Mauritanie, les rythmes reggaeton ou rap du collectif GMP 100 Tinel invitent à la danse. Ils émanent du studio d’enregistrement du centre culturel Racuf (Repère des arts et culture du fleuve). Ici s’est achevée une formation en photographie et infographie, musique assistée à l’ordinateur et DJ, soutenue par le programme Graine de citoyenneté, partenaire du CCFD-Terre solidaire.

Au total, une quarantaine de jeunes de cette région rurale, située à quelques kilomètres du fleuve Sénégal, ont pu la suivre. Ici, le taux de déscolarisation comme le taux de chômage sont particulièrement élevés. « Seulement 10 % des jeunes parviennent à entrer en 6e », déplore Saadou Sy, jeune rappeur et cofondateur de ce centre culturel.

Il est né à Kaédi. Fan de rappeurs, comme le Sénégalais Matador ou le Belgo-Congolais Damso, il a commencé à rapper en 2007. Avec ses deux acolytes du collectif GMP, il est parti à Nouakchott, la capitale, pour enregistrer le premier titre, puis un album. Succès.

Avec leur petit pécule, GMP 100 Tinel a acheté un terrain à Kaédi pour y construire un studio, alors que la plupart des rappeurs partent enregistrer à Dakar, au Sénégal. Saadou Sy et ses amis veulent changer les choses « Gooto fouf tohédido kodon wallat », dit-il en citant un proverbe peul : « Change les choses là où tu es, avec ce que tu sais faire. »

« L’avenir d’un peuple, c’est la jeunesse »

Dans leurs textes, les rappeurs évoquent l’engagement dans la société civile, la déscolarisation, le chômage, les violences basées sur le genre. À travers sa musique, GMP tente d’agir comme un levier pour mobiliser les jeunes, dont beaucoup partent pour la capitale ou l’Europe en quête d’un avenir meilleur.

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Source : La Vie (France) – Le 23 mai 2022

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