Mauritanie – Une inflation record sur les denrées alimentaires / Par Béchir Fall

Une hausse des prix oscillant entre 40 à 90%

Aujourd’hui j’ai pris connaissance des prix des denrées alimentaires avec les achats mensuels de la famille au marché. Étant un adepte des chiffres, j’ai commencé à scruter et étudier les prix figurant sur la facture des achats établie par le commerçant. Et j’ai enchaîné aussitôt les comparaisons avec les prix d’il y a 18 mois.

Ne perdant pas de temps, je préfère aller à l’essentiel. Les prix sont fixés en MRO. Ainsi, le sac de riz gros grains, Zacolloni, de 30 kg à 14 200. Prix ancien il y a plus de 18 mois 9 000. Soit une augmentation de 60% environ. Le sac du riz cambodgien de 25 kg 9 600, ancien prix 6 800. Augmentation, plus de 40%. Huile en carton 15 L 13 600. Ancien prix 7 000. Augmentation, plus de 90%.Viande de vœu. Le kg au marché et dans les boucheries 2400. Ancien prix 1 600. Avec 5 000 on gagne juste 2 kg. Or il y a 18 mois avec 5 000 on obtenait 3 kg. Augmentation 50%. Quant au poisson je suis allé acheter au marché de la plage de la courbine, kg à 2 800. Or il y a 18 mois on pouvait l’acheter presque à moitié prix, 1600.

Sans nul doute vivons-nous désormais dans une spirale d’hyperinflation durable. Et c’est ce qui paraît le plus inquiétant. Beaucoup de familles de la classe moyenne risquent de sombrer dans la pauvreté du fait de la baisse drastique du pouvoir d’achat. Et les nombreux pauvres arpenteront désormais le statut peu enviable de l’extrême pauvreté.

Je crois que tout le monde doit être conscient des répercussions de cette nouvelle flambée des prix sur la qualité de vie des mauritaniens. Beaucoup ne se préoccupent guère de cette épreuve qui va surtout faire mal aux plus vulnérables d’entre nous. Le comble est que le mauritanien moyen continue de subir ces affres avec résignation. Qui ne proviennent en réalité que des hommes d’affaires. Lesquels répercutent tous les frais additionnels sur le consommateur final. En préservant intactes leurs marges bénéficiaires. Le pouvoir en place semble jouer les arbitres partiaux en ne sifflant jamais les fautes des commerçants véreux. Toujours intouchables, jamais inquiétés.

Venons en à la réalité des faits. La situation est grave. D’autant plus que le Fond Monétaire International dans son dernier rapport table pour 2022 sur une hausse de l’inflation pour la zone Afrique de 12,4%. Et corrige à la baisse les prévisions de croissance de 4,5% à 3,8%. Sans compter que de gros nuages s’amoncellent pour l’avenir immédiat. Avec une nouvelle crise dont les effets se ressentent déjà avec la stupide agression de la Russie contre l’Ukraine. Mais le grand danger est la famine qui menace aux portes de l’Afrique, en particulier dans le Sahel, y compris en Mauritanie. L’Organisation des Nations Unies vient de lancer un cri d’alarme.

Je n’ai pas l’impression que les élites mauritaniennes prennent au sérieux toutes ces mauvaises nouvelles. Elles semblent plutôt préférer s’activer pour d’autres passions comme les fameuses concertations qui ne parviennent pas à démarrer. Ces concertations pourront-elles apporter un répit à la situation catastrophique que je viens de décrire ? Je ne crois pas. Face à une urgence sociale absolue on doit tout suspendre en attendant d’y faire face. Quelles innovations pourraient suggérer l’État et tous ses démembrements afin de soulager des centaines de milliers de pères de famille désemparés ainsi que d’enfants menacés de malnutrition ou de famine ? C’est cette priorité qui doit fédérer toutes les énergies nationales.

 

 

 

 

Béchir Fall

Facebook – Le 20 mai  2022

 

 

 

 

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