
Courrier international – Artiste « écolo et engagé », l’Ivoirien Désiré Mounou Koffi donne une seconde vie à de vieux téléphones portables au rebut en les recyclant dans des peintures colorées. Son but ? Sensibiliser à la lutte contre la pollution dans ses œuvres qu’il expose à Abidjan jusqu’en juillet.
« J’ai choisi le recyclage car je ne voulais pas limiter mon travail uniquement à la peinture. Je voulais apporter quelque chose de nouveau », explique t-il à l’AFP dans son atelier de Bingerville, près de la capitale économique ivoirienne.
A 28 ans, il se définit comme un « jeune artiste contemporain » et revendique sa volonté de se « démarquer des autres ».
© AFP L’artiste ivoirien Mounou Désiré Koffi (C) cherche des claviers de téléphone usagés qu’il utilise pour réaliser des ?uvres d’art à Koumassi, un quartier d’Abidjan, le 19 décembre 2021 |
« Depuis enfant je suis passionné par le dessin. C’est moi que la maîtresse envoyait au tableau faire les dessins d’illustration des leçons », se souvient-il.
Et quand il annonce à ses parents agriculteurs d’un village du sud-ouest ivoirien qu’il veut faire une école d’arts: « Ils ne savaient pas ce que c’était », explique t-il. « Mon professeur d’arts plastiques est venu leur expliquer et leur demander de me laisser faire. »
Sorti major des Beaux-Arts d’Abidjan, il commence par sillonner les rues, les caniveaux, les décharges pour récupérer des claviers et écrans de vieux téléphones portables.
« Maintenant j’ai toute une équipe qui est payée en fonction de la quantité qu’elle ramène. Je leur ai dit +ne jetez plus, apportez les éléments et on peut travailler », raconte t-il.
« Sensibiliser »
© AFP L’artiste ivoirien Mounou Désiré Koffi sélectionne des claviers de téléphone usagés qu’il utilise pour réaliser ses ?uvres dans sa maison à Bingerville, une commune d’Abidjan, le 11 décembre 2021 |
Dans son atelier, on lui dépose de grands sacs remplis de composants de téléphones récupérés.
Désiré Mounou Koffi fouille dans le tas de claviers et d’écrans pour choisir les éléments à partir desquels il dessinera des silhouettes humaines colorées dans des décors urbains, des toiles « pop » dont certaines se vendent 1.500 euros.
Il revendique d’essayer « de résoudre un problème », dans un pays où le tri est quasi inexistant et où les déchets se retrouvent dans les rues.
« La plupart de mes toiles parlent du quotidien de l’homme dans la société. Or, je pense que le téléphone est l’outil le plus proche de nous, actuellement. Dans nos téléphones, il y a presque tout », explique t-il.
© AFP L’artiste ivorien Mounou Désiré Koffi (G) et l’un de ses ouvriers dans son atelier à Abidjan, le 28 avril 2022 |
« On retrouve de tout dans nos poubelles… j’essaie d’amener les gens à une prise de conscience. C’est une manière très terre à terre de sensibiliser », poursuit celui qui a déjà exposé au Maroc, en Belgique et en France.
Soucieux de coller à l’actualité, ses toiles peuvent aborder les enfant soldats, la pollution, les embouteillages ou les inondations.
L’une de ses dernières séries « La vie d’ici », raconte ainsi le quotidien des habitants d’Abidjan.
Bingerville (Côte d’Ivoire) (AFP)
Source : Courrier international
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