Djaïli Amadou Amal : « On doit sauver nos filles des chaînes socio-culturelles et des traditions »

Figure incontournable de la littérature camerounaise, la France l'a découverte grâce à son roman "Les impatientes", paru il y a deux ans et couronné par le Goncourt des Lycéens. Djaïli Amadou Amal est l'invitée d'Augustin Trapenard.

France Inter – « Cœur du Sahel« , son nouveau livre, vient de paraitre. Elle nous plonge dans le quotidien de jeunes femmes domestiques dans une société clivée par les appartenances sociales, religieuses et ethniques. Djaïli Amadou Amal est dans Boomerang.

 

Extraits de l’entretien

 

« On ne se rend pas compte du privilège qu’est le rêve. Dans la survie, le rêve n’a aucune place : on ne pense qu’aux choses essentielles »

 

« L’écriture pour moi s’est imposée comme le seul moyen d’avoir une voix – une voix suffisamment forte pour me sauver, moi et mes filles. »

Trop de femmes restent encore prises au piège de la pesanteur des chaînes socio-culturelles et des traditions. On doit sauver nos filles de ces chaînes.

« Lorsque j’ai été mariée de force à 17 ans, je me suis maudite d’être une fille. Être une femme représentait un poids trop lourd. Le pire était d’être une femme comme il faut, une bonne mère, une bonne épouse, d’être tout ce qu’on attend de nous. »

« Questionner les traditions, c’est prendre le risque d’être insultée et traitée de « rebelle », de « révoltée ». Mais se défaire de tous les carcans et être libre dans sa tête, ça doit être le travail de toute une vie. »

Aujourd’hui encore, des femmes font toujours 20 kilomètres par jour pour recueillir cinq ou dix litres d’eau. Des enfants meurent en creusant la terre pour trouver de l’eau. On ne doit pas oublier cette misère.

« Un livre est un monde enchanté. En lisant, on peut être partout où l’on veut et se cacher de la violence de la réalité. »

 

« Quand j’ai été mariée de force au lycée, j’ai commencé à tomber malade, j’étais déprimée. Je voulais fuguer, je voulais me suicider. Mais quand j’ouvrais un livre, je fuyais ma réalité. Je crois avoir survécu ainsi. »

 

 

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Augustin Trapenard

 

 

 

 

Source : France Inter (Le 02 mai 2022)

 

 

 

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