Courrier international – En s’appuyant sur le Coran, le gouvernement indonésien soutient les chefs religieux musulmans pour qu’ils fassent campagne sur l’urgence environnementale et installent des panneaux solaires sur les 290 000 mosquées de l’archipel. “The Conversation”, repris par le “Jakarta Post”, explique cet enjeu colossal et ses obstacles.
“Et Nous ne t’avons envoyé [oh Mahomet] qu’en miséricorde pour l’univers.” C’est ce verset 107 de la sourate 21 du Coran que le gouvernement indonésien a convoqué pour convaincre les imams de la plus grande nation musulmane du monde d’aider le pays à atteindre l’objectif de zéro émission nette de carbone d’ici à 2060. La conservation de la nature et de l’environnement est en effet un devoir éthique prescrit par l’islam.
“S’engager avec des personnalités religieuses est une décision stratégique. Une enquête de 2020 révèle que les citoyens indonésiens accordent la plus grande confiance aux informations provenant de personnalités religieuses”, note The Conversation, repris par le Jakarta Post.
Le gouvernement a ainsi développé des accords avec le Nahdlatul Ulama et la Muhammadiyah, les deux plus grandes organisations musulmanes du pays, ainsi qu’avec le Conseil indonésien des oulémas, qui a lancé Ecomasjid, le mouvement des mosquées vertes. On compte 290 000 mosquées à travers l’archipel. L’idée est de toutes les équiper de panneaux photovoltaïques. The Conversation a fait le calcul :
“En supposant que tous les toits des mosquées hébergent un kilowatt crête (kWc), avec un potentiel de production d’électricité minimum de 3,4 kilowattheures (kWh) par kWc d’énergie solaire, les mosquées à travers le pays peuvent générer un million de kWh d’électricité chaque jour. C’est presque l’équivalent de la consommation annuelle d’électricité d’un millier d’Indonésiens.”
Le défi a déjà été relevé par la gigantesque mosquée Istiqlal, qui s’élève dans le centre de Jakarta, juste en face de la cathédrale. Les panneaux solaires de 150 kWc qui recouvrent son toit fournissent 16 % de ses besoins en électricité pour accueillir jusqu’à 120 000 fidèles. Une performance qui lui a valu de remporter récemment un prix de la Société financière internationale (IFC), une institution au sein de la Banque mondiale consacrée aux pays en voie de développement.
Mais The Conversation souligne un obstacle majeur à cette grande idée verte : le coût très élevé des installations solaires, d’autant plus que “les mosquées sont classées dans la catégorie des activités sociales, recevant des subventions à l’électricité. Cette politique rendrait la production solaire beaucoup plus chère que les tarifs subventionnés.”
Source : Courrier international
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