
Courrier international – “J’aime Poutine, Poutine, Poutine !” s’exclame Ismaël Sawadogo, jeune Burkinabé de 30 ans que le Washington Post a rencontré à Ouagadougou lors d’un reportage sur les relais et réseaux d’influence russes en Afrique de l’Ouest.
Pour se rendre à une manifestation de soutien à la Russie, Ismaël Sawadogo a demandé à un tailleur de lui coudre trois drapeaux aux couleurs russes : l’un pour l’accrocher à sa moto, un autre à porter comme un poncho et le dernier qu’il arbore comme couvre-chef tricolore. Coût de la commande, 5 000 francs CFA, soit environ 7,50 euros et près d’un quart de ses revenus mensuels.
Le jeune Burkinabé est devenu “fan de Vladimir Poutine” après s’être plongé dans des vidéos sur les commandos russes diffusées sur Facebook. Il a été confronté au terrorisme dans son village et aux messages des réseaux sociaux qui accusaient “la France et l’Occident d’avoir alimenté l’effusion de sang, tout en présentant Poutine comme un héros prêt à aider”.
Une désinformation “industrielle”
Selon l’enquête du Washington Post, les messages et contenus prorusses sur les réseaux sociaux se sont multipliés depuis la guerre menée contre l’Ukraine. Ce sont ainsi des dizaines de comptes au Burkina Faso et dans les pays voisins qui diffusent le même message : l’Otan est l’agresseur et Moscou “est en mission humanitaire en Ukraine”, rapporte le quotidien américain.
Code for Africa, un consortium d’investigation qui suit la désinformation dans 21 pays, a ainsi cartographié un réseau de 175 pages Facebook diffusant des récits prorusses et anti-occidentaux dans toute la région. Derrière cette communication qualifiée d’“industrielle” par un expert cité par le Washington Post, on retrouve Evgueni Prigojine, oligarque proche de Poutine, à la tête de la société paramilitaire privée Wagner.
Mais cette désinformation russe, si elle s’est accélérée depuis l’invasion de l’Ukraine, prend sa source dans la guerre en Crimée en 2014. Depuis, Moscou a cherché à trouver des alliés là où il le pouvait, notamment dans les pays africains en rupture avec leurs anciens colonisateurs, comme la France.
Source : Courrier international
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