Attendue par les observateurs depuis les premières colères du président Ould Ghazouani en 2021 sur la lenteur de l’exécution de son programme, la démission du premier ministre s’annonce comme un tournant décisif dans la gouvernance à deux ans de la fin du quinquennat.
Le premier ministre Ould Bilal aurait dû démissionner au deuxième anniversaire de l’accession au pouvoir de Ould Ghazouani. Période pendant laquelle le président a tapé sur la table plusieurs fois pour tirer la sonnette d’alarme sur le retard de son programme quinquennal. C’est l’immobilisme des réformes, l’incompétence de certains ministres et la continuité de la corruption qui sont pointés du doigt par le président mauritanien qui a l’impression qu’il est entendu mais pas écouté par le gouvernement en particulier sur les scandales fonciers à Nouakchott et à l’intérieur du pays.
Son discours à Madrid sur la pauvreté devant la diaspora et celui de Nouakchott sur les dysfonctionnements de l’administration devant une promotion de l’ENA, sont considérés comme une rupture au point de vue de la méthode du discours par rapport à l’autosatisfaction du gouvernement quasi omniprésente dans les sorties médiatiques. Illustration parfaite d’un gouvernement de technocrates déconnectés des préoccupations du citoyen.
C’est un demi-échec de Ould Ghazouani sans réussir le dialogue inclusif qui pouvait avoir le mérite de jeter les jalons d’une bonne gouvernance pour corriger le système éducatif, la politique agricole, la politique sanitaire. C’est également le dossier de la justice sur l’affaire de la décennie de Ould Aziz sur lequel il compte pour redorer son blason malheureusement au point mort à cause de la maladie de l’ex-président accusé de corruption d’enrichissement illicite et de blanchiment d’argent. C’est un peu tard pour Ould Bilal de rendre le tablier mais au moins il aura contribué à montrer les limites de la politique d’ouverture vers l’élite harratine initiée par Ould Ghazouani.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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