En Ligue des champions, un Paris-Saint-Germain toujours inqualifiable

Longtemps dominateurs, les Parisiens ont craqué en vingt minutes face au Real Madrid. Cette élimination en huitièmes de finale (1-3) risque de faire beaucoup parler, comme l’attitude du président du club Nasser Al-Khelaïfi après la rencontre.

Le Monde – Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. Les joueurs du Paris-Saint-Germain ont encore repoussé la légende d’un club spécialiste reconnu du sabordage. Touché et bien coulé. Après le FC Barcelone et Manchester United, la proverbiale générosité parisienne profite cette fois au Real Madrid, longtemps dépassé, surclassé et presque résigné par la supériorité des partenaires de Kylian Mbappé.

Mais c’était avant le trou d’air de l’heure de jeu. Dix-huit minutes pour tout gâcher, dix-huit minutes pour un incroyable triplé de Karim Benzema (61e, 76e et 78e), dix-huit minutes pour quitter la Ligue des champions dès les huitièmes de finale après cette défaite 3-1 dans le stade Santiago-Bernabeu, terminus des ambitions du PSG ce mercredi 9 mars.

 

A ce niveau de stupéfaction, le résultat balaye tout. La victoire avec la manière à l’aller (1-0), aussi bien que cette première mi-temps parfaite ridiculisant par moments le Real, triste matamore vendant l’enfer aux Parisiens ces derniers jours, mais qui n’avait qu’une malheureuse furia de cinq minutes en début de match à offrir et des supporteurs agitant leur écharpe.

Comme au Parc des Princes, Mbappé va trop vite, sa frappe du pied droit est encore trop précise après une ouverture lumineuse de Neymar (39e). Jusque-là, tout coule de source, et on se perd en de trop belles conjectures. On se dit même que l’entraîneur parisien, Mauricio Pochettino, a trouvé son équipe type, lui, cet Arturo Brachetti des feuilles de match, incapable d’aligner deux fois la même. Les plus audacieux discernent même un « style Pochettino ». Mais c’est oublier la nature première de cette équipe, cette capacité de toujours laisser la place à un « et si ».

Pochettino et « la faute qui a tout changé »

Son histoire récente parle contre lui ; le PSG force à l’imagination, à l’art d’anticiper le grotesque. Dans cette anthologie de la mauvaise blague, cette 61e minute a déjà une place toute trouvée. Parce qu’un gardien moderne se doit de relancer court même sous pression, Gianluigi Donnarumma joue avec le feu devant Karim Benzema et se brûle le bout du pied droit. Le Français le contre, Vinicius suit et lui redonne le ballon pour le but de l’espoir, celui du réveil de Bernabeu, stade en travaux et sans vie comme son équipe avant ce cadeau.

Mauricio Pochettino est, lui, resté bloqué à cette 61e minute. « Pour moi, l’action de Benzema sur Donnarumma, c’est une faute et ça a tout changé », a dénoncé l’entraîneur parisien en conférence de presse. L’Argentin évoque une « grosse erreur » et refuse d’avance son pardon à l’arbitre, Danny Makkelie. Les images ne confondent pourtant pas le Néerlandais. « Je ne fais pas du tout faute. Il attend, je le presse, il perd le ballon », a assuré, de son côté, Karim Benzema.

 

« A partir de cette action, tout a changé dans le stade, nos joueurs étaient énervés… Quand l’émotion s’en mêle, le football change complètement. Je suis très en colère et frustré par cette situation », poursuit un Pochettino peu enclin à aborder le grand effondrement à suivre de ses joueurs. Il y a pourtant matière à analyses. Sur une malheureuse péripétie, son PSG recule comme un seul homme et voit les vagues espagnoles déferler sans chercher à réagir.

Même les plus solides sombrent. D’un coup, le brassard de capitaine pèse une tonne autour du bras d’un Marquinhos à contresens sur toutes ses interventions. Malchanceux sur le deuxième but de Benzema en déviant légèrement le ballon, il est le principal coupable sur le troisième, avec une passe décisive involontaire pour l’attaquant des Bleus, chirurgical dans le dernier geste.

Au coup de sifflet final, le Brésilien est resté de très longues secondes allongé le nez dans le gazon avant de se relever pour effectuer son devoir médiatique. « C’est dur d’expliquer ce qui s’est passé… Mais quand tu mets un but comme ça, à la maison, avec les supporteurs et l’énergie du stade ça te donne une énergie en plus. Il aurait fallu qu’on sache mieux gérer cette situation », a-t-il avancé au micro de Canal+.

Sauf que son équipe n’a rien géré et n’a même jamais repris ses esprits. Seul, toujours trop seul, Mbappé a tenté de forcer le destin, sur une dernière fulgurance. En face, son partenaire d’attaque chez les Bleus a tout changé et est entré un peu plus dans la légende du Real. Avec désormais 309 buts, Benzema devance le légendaire Alfredo Di Stefano dans le classement des buteurs du club et ne voit plus, devant lui, que Cristiano Ronaldo (450 buts) et Raul (323). Son génie s’est épanoui ce mercredi soir sur l’incroyable fébrilité parisienne, mais aussi les non-choix de son entraîneur.

Quand Carlo Ancelotti vide son banc avec les entrées payantes de Lucas Vazquez et de l’ancien de Rennes Eduardo Camavinga, Mauricio Pochettino attend le dernier moment, laisse un Marco Verratti s’essouffler après une heure de haut vol et n’indique pas le chemin de la sortie à Neymar et Lionel Messi. La logique sportive l’imposait sans doute après l’égalisation ; les ego et la politique du vestiaire moins. A Paris, l’entraîneur accepte cette république des joueurs ou fait ses bagages.

L’avenir de Mbappé, l’autre défaite ?

Ceux de Pochettino sont déjà prêts. Il reste juste à savoir quand les sortir. L’ancien défenseur argentin finira sans doute la saison et gagnera même un titre de champion de France à sa portée. Mais en réalité, la saison parisienne s’est arrêtée à Madrid. La suite risque d’être longue et pénible, comme en 2019 après une élimination déjà assez improbable face à un très faible Manchester United.

Au micro de RMC Sport, Leonardo a tenté d’assurer le service après-défaite. Le directeur sportif du PSG ne veut pas tout « mettre à la poubelle », comme après les échecs précédents en Ligue des champions. « L’objectif, c’est de gagner la C1, et jusqu’à la mi-temps de ce match, on était bien », dit le Brésilien.

Lire la suite

 

 

 

Source : Le Monde

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Quitter la version mobile