
– Le ministère mauritanien des Affaires étrangères a indiqué mardi 8 mars avoir convoqué l’ambassadeur du Mali et lui avoir signifié sa «vive protestation contre les récents actes criminels récurrents» commis selon lui au Mali par l’armée malienne contre des Mauritaniens.
La Mauritanie a émis cette protestation après deux évènements graves impliquant des Mauritaniens en l’espace de quelques semaines au Mali, dont la disparition de plusieurs ressortissants de l’autre côté de la frontière dans des circonstances encore obscures il y a quelques jours. Des enregistrements sonores circulant sur les réseaux sociaux, attribués à des témoins oculaires mais non authentifiés, ont mis en cause l’armée malienne dans la disparition d’une trentaine de Mauritaniens du côté malien dans la zone frontalière au sud d’Adel Bagrou (est de la Mauritanie).
Un député local, Mohamed Mahmoud Ould Henenna, cité par l’agence privée Alakhbar, a parlé d’au moins 15 morts. Cette disparition a été précédée en janvier par la mort, elle aussi dans des circonstances non officiellement éclaircies, de sept Mauritaniens dans le même secteur. À l’époque déjà, la question d’une possible implication de soldats maliens avait été posée.
Le ministère mauritanien rappelle dans un communiqué publié par l’agence de presse nationale que le gouvernement avait à cette occasion envoyé une «délégation de haut niveau» au Mali, «pour tenter de contenir ce comportement hostile envers nos concitoyens». «Malgré les assurances données» par les autorités maliennes, leur réponse «est restée en deçà des attentes», déplore le ministère.
Peuples frères
En janvier, le gouvernement malien avait annoncé l’ouverture d’une enquête et assuré qu’aucun élément ne mettait en cause l’armée malienne. Aucun élément de ces investigations n’a été rendu public depuis. La junte au pouvoir au Mali depuis août 2020 ne s’est toujours pas exprimée sur les récentes disparitions.
Le Mali est pris dans la tourmente depuis le déclenchement d’insurrections indépendantiste et djihadiste en 2012. En plus des agissements des groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation État islamique, des violences intercommunautaires, et des actes crapuleux, l’armée est régulièrement accusée d’exactions. Ces violences ont fait des milliers de morts, civils et militaires. La Mauritanie, avec laquelle le Mali partage plus de 2000 km de frontière, a été touchée par l’expansion des groupes islamistes d’Algérie au début des années 2000, mais n’a plus connu d’attaque sur son sol depuis 2011.
Des dizaines de Mauritaniens ont manifesté mardi devant la présidence à Nouakchott pour réclamer la fin des exactions commises selon eux par l’armée malienne contre des compatriotes, a constaté un correspondant de l’AFP. «Nos frères sont froidement assassinés par l’armée malienne, nous devons réagir vite contre ces exactions à répétition» a dit l’un des participants, Ahmed Sidi, originaire de la même région que les disparus. Nouakchott élève la voix alors que la junte malienne a entrepris récemment un effort de rapprochement avec la Mauritanie. Il s’agit pour les colonels de contrer l’embargo imposé en janvier par l’organisation des États ouest-africains Cédéao pour sanctionner leur projet de se maintenir encore plusieurs années au pouvoir.
Source :
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com