Courrier international – La centrale atomique, située dans le centre de l’Ukraine, a été touchée vendredi 4 mars par des frappes de l’armée russe qui ont provoqué un incendie. Même si la situation semble désormais sous contrôle, cet incident suscite l’inquiétude des experts et de la communauté internationale.
C’est la plus grande centrale nucléaire d’Europe. Le site atomique de Zaporijjia a été touché aux premières heures de vendredi par des frappes de l’armée russe qui ont provoqué un incendie, suscitant la panique dans la région et en Europe pendant plusieurs heures.
Des images de vidéosurveillance à l’entrée de la centrale, géolocalisée par la radio publique américaine NPR, montrent ce qui semble être des troupes russes aux portes du site ukrainien, “engagées dans des combats actifs”. Une vidéo montre également “un incendie dans l’un des bâtiments administratifs de l’usine”. Le chef de l’administration militaire de la région, Oleksandr Staroukh, a par la suite assuré sur Facebook que la sécurité nucléaire du site était “désormais garantie”, l’incendie n’ayant selon lui touché qu’un bâtiment consacré aux formations et un laboratoire.
Interrogé au micro de CNN jeudi, Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, ne cache pas son inquiétude après ce bombardement russe. “Ce qui rend [ce conflit] sans précédent, c’est que c’est la première fois dans l’histoire de l’après-Seconde Guerre mondiale que nous avons une opération militaire à part entière au milieu d’un grand nombre d’installations nucléaires, y compris des réacteurs nucléaires”, a-t-il réagi.
“Dangereusement proche”
Si les dernières informations concernant la situation au sein de la plus grande centrale nucléaire d’Europe se veulent rassurantes, la possibilité de voir d’autres sites à risque bombardés préoccupe les experts et la communauté internationale. Cette attaque sur Zaporijjia “était tout de même dangereusement proche”, a notamment expliqué à BuzzFeed Ed Lyman, directeur chargé des questions de sécurité nucléaire au sein de l’association américaine Union of Concerned Scientists.
Si un bombardement russe “endommageait la structure de confinement – le bâtiment de protection du réacteur –, cela pourrait être problématique”, a expliqué l’ancien président de la Commission de réglementation du nucléaire sous Barack Obama, Gregory Jaczko, au Washington Post. “Si le feu atteignait une zone contenant du carburant, cela pourrait entraîner une libération importante” de radiations. “L’autre urgence, c’est la nécessité de garder au frais tout combustible radioactif. Normalement, ce matériau se trouve dans des piscines où il est maintenu au frais mais une surchauffe peut provoquer une libération de rayonnements”, explique l’expert.
Le bombardement du site nucléaire de Zaporijjia “ravive les craintes concernant les tactiques que Moscou est prêt à employer alors que l’armée russe poursuit son avancée dans le pays”, note le Wall Street Journal.
Noémie Taylor-Rosner
Source : Courrier international
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