
Les observateurs reviennent ce début de semaine sur le départ des forces françaises du Mali qui marque un nouveau tournant dans les relations entre Bamako et Paris considéré comme une fracture politique et militaire qui fait passer le Mali dans le giron de la Russie.
Cet épisode dans l’histoire des deux pays est la résultante d’un paradoxe français au départ qui consiste à combattre le Djihadisme au Sahel et en même temps armer les mêmes terroristes islamistes en Syrie. Le Mali étant le théâtre des opérations qui est partie avec l’opération Serval en 2013 à la demande de Bamako.
Mais ce secours opportuniste est l’occasion pour l’ancienne puissance colonisatrice de revenir par la porte d’assistance militaire en légalisant ce retour par le conseil de sécurité des Nations-Unies qui appelle la communauté internationale à aider le Mali à faire face aux organisations terroristes et affiliées.
C’est le début de la reconquête française au Nord du pays sur fond de manœuvres suspectées à Kidal où le Mouvement islamique de l’Azawad voit le jour.
Le porte-parole du nouveau mouvement Iyad Ag Ghali ancien porte-parole d’Ansar Dine envahisseur du Nord du Mali va pousser ses pions sous la protection française. La récupération de la France du MNLA n’est plus à démontrer. Et Paris paie aujourd’hui cette erreur politique en termes d’impopularité. Les Maliens n’ont jamais oublié l’occupation de Kida qui exacerbe la partition du Mali.Toutes les tentatives de réconciliation nationale ont échoué faute de consensus.
Au-delà de cet imbroglio politique, c’est la menace de l’effondrement de l’Etat malien qui reste un motif sérieux des militaires pour revenir au pouvoir soutenu par un peuple dont le sentiment anti-français est devenu audible et visible sur la scène nationale.
Ce qui va conduire Paris à peaufiner une nouvelle stratégie qui consiste à réorganiser Barkhane et en retirant ses trois bases au Nord du pays.
Ce sentiment d’abandon est le premier déclencheur des tensions vives entre Bamako et Paris dont l’enjeu principal est le retour du Mali dans le giron de la Russie avec l’arrivée de mercenaires du groupe privé Wagner.
En réalité c’est 9 ans d’impuissance militaire française contre les jihadistes et la condescendance de Paris vis-à-vis des autorités de Bamako de Modibo Keita en 1960 au jeune colonel Goita en 2022, qui sont sanctionnées par les putschistes qui coupent ainsi le cordon ombilical avec la Françafrique.
Cette fracture politique et militaire se traduit par l’aveu d’échec de l’Elysée symbolisé par un départ forcé de Barkhane et la force européenne TAKUBA du Mali et qui vont se repositionner au Niger. Les militaires tournent ainsi une page de 62 ans de domination de l’ancien colonisateur.
Les observateurs craignent une France revancharde pour isoler davantage le Mali sur la scène européenne et internationale. Mais c’est sans compter sur le vent du panafricanisme qui souffle sur le continent.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 21 février 2022)
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