Mauritanie : la gouvernance de Ould Ghazouani au banc des accusé

Depuis l’accession au pouvoir de Ould Ghazouani en 2019, les Mauritaniens ont l’impression que leur président fonce tête baissée sur les réformes engagées. Une gouvernance fragilisée par une corruption dans le foncier qui gangrène l’administration centrale.

C’est le sentiment des observateurs qui pointent un gouvernement qui mène une politique de chiffres sur les réformes sociales, la priorité des priorités du programme quinquennal.  L’action gouvernementale met en avant en particulier l’augmentation de 30 pour cent du salaire des agents de la santé et une généralisation de la prime de risque à tout le personnel de la santé, une augmentation de 100 pour cent de la pension de base pour tous les retraités et un doublement de la pension des veuves, la généralisation de l’indemnité de craie des enseignants, une hausse de 50 pour cent de la prise en charge des patients insuffisants rénaux et des personnes en situation de handicap avec une allocation mensuelle de de 15 000 ouguiyas anciennes.

Un chapelet de mesures sociales qui cache une gouvernance mal maîtrisée dans le domaine de la hausse des prix des denrées alimentaires malgré un nouveau mécanisme de régulation des prix et surtout dans le domaine de la lutte contre la corruption après 10 années de gabegie de son prédécesseur. Un héritage qui semble être lourd à porter dans le foncier où l’émergence des prévaricateurs dans l’administration centrale cache mal des malversations financières qui pèsent sur les politiques publiques en matière de logement social.

Les limogeages des patrons des Domaines du patrimoine de l’Etat de l’habitat ainsi que plus d’une dizaine de fonctionnaires, ne constituent que la partie émergée de l’iceberg. Et ce sont les pauvres citoyens qui en font les frais avec la perte de leurs terrains achetés à un prix fort. C’est la même inquiétude chez les populations des régions du Sud qui subissent depuis 1983 l’expropriation de leurs  terres par l’Etat au profit d’investisseurs étrangers. Ould Ghazouani n’a pas su faire face à la mobilisation des populations de N’Gawlé depuis plus de 3 mois contre la spoliation de leurs terres par un homme d’affaires mauritanien.

La seule réponse contre cette résistance c’est la condamnation par le tribunal de Rosso de quatre manifestants de cette localité dans le nouveau département de Tékane dans le Trarza. C’est enfin l’orpaillage artisanal qui fait figure d’une mauvaise gestion de l’Etat et de la société mauritanienne MAADEN Mauritanie chargée d’encadrer cette activité aurifère devenue dangereuse depuis quelques années avec des éboulements fréquents des puits.

Chaque année, au moins une dizaine d’orpailleurs perdent leur vie. L’Etat est tout aussi responsable de ne pas exiger des conditions de sécurité et des moyens de sauvetage en cas d’accident.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 18 février 2022)

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