Mauritanie : 56 ans après sa publication, le Manifeste des 19 est toujours d’actualité

Le 11 février 1966 est une date historique qui marque les arrestations des 19 intellectuels négro-mauritaniens à la suite de la publication d’un Manifeste contre l’obligation de la langue arabe dans le primaire et le secondaire Au-delà de cette réforme injuste du système éducatif c’est l’Etat raciste qui est pointée du doigt.

Un racisme d’Etat dénoncé aussi par le premier mouvement de libération africaine de Mauritanie dans son Manifeste du négro-mauritanien opprimé et qui a valu à ses dirigeants la prison de Oualata  où quatre combattants de la liberté y vont laisser leur vie. Parmi les rescapés, le président de l’AJD-MR Ibrahima Sarr et le président des FPC Samba Thiam.

 

L’histoire retiendra que le 4 janvier 1966, les élèves négro-mauritaniens du lycée de Nouakchott sont descendus dans la rue pour une grève illimitée pour protester contre la mesure gouvernementale de généraliser l’arabe dans le second degré.

D’autres villes comme Kaédi, Rosso et Boghé prendront le relais. Solidaires avec ce mouvement, les 19 mauritaniens issus de l’élite négro-africaine publient un Manifeste dans lequel ils dénoncent cette oppression culturelle qui fait que cette arabisation à outrance handicape l’écolier noir à tous les examens au profit de l’écolier arabophone faussant ainsi l’égalité entre les citoyens mauritaniens.

Au-delà de cette injustice, les 19 intellectuels de la vallée pointent l’accaparement de tous les secteurs de la vie nationale par une seule communauté, les arabo-berbères. Les faits à l’époque sont tellement d’actualité et méritent bien l’attention des jeunes générations pour comprendre la difficile cohabitation qui date bien depuis le fameux congrès d’Aleg en 1958.

La répartition au niveau du gouvernement affichait 2 ministres noirs sur 9 sur fond de 10 députés sur 40. Ajoutez à cela que tous les ministères de souveraineté étaient détenus par une seule communauté. C’est le mythe du quart qui est réhabilité par les différents locataires du palais de Nouakchott depuis 1960.

Ould Ghazouani n’échappe pas à la règle en initiant la discrimination positive avec un dosage ethnique plus subtil que ses prédécesseurs avec une ouverture à l’élite harratine symbolisée par Ould Bilal à la primature et d’autres ministres dans le gouvernement. 56 ans après sa publication, le manifeste des 19 ne laisse planer aucun doute que la réforme du système éducatif envisagée par le gouvernement renforcera l’arabe dans tous les secteurs et ralentira la promotion des LN (pulaar, soninké et wolof) tant que celles-ci ne seront pas officialisées au même titre que l’arabe.

 

 

 

 

 

 

Suggestion kassataya.com :

Le 11 février 1966, arrestations des auteurs d’un texte de référence : le Manifeste des 19 / Par Boubacar Diagana et Ciré Ba