Courrier ados – TikTok, Instagram et les jeunes ados : quelle est la formule magique ?

Courrier international  – On sait que TikTok, Instagram, Snapchat et autres réseaux jouent un rôle essentiel dans la vie sociale des enfants et adolescents. Mais on sait aussi qu’ils peuvent présenter des dangers et alimenter des complexes, à force de montrer des photos de corps idéalisés, magnifiés par des filtres artificiels. Alors, que faire ? Imposer une limite d’âge ? Créer un réseau pour enfants ? Instaurer un dialogue régulier ?

“Quand j’avais 12 ou 13 ans, il y avait un tas de choses que je détestais dans mon apparence, raconte Berfin Gul, 16 ans. À la puberté, forcément, une fille se préoccupe de son corps. De ce qu’elle trouve beau, mais aussi de ce qu’elle ne trouve pas beau. Je me comparais tout le temps aux autres, et sur les réseaux sociaux c’est encore plus facile. Ensuite, en grandissant, on apprend à mieux gérer.”

Que les réseaux sociaux, et en particulier Instagram et TikTok, ne soient pas le meilleur endroit pour les enfants et adolescents mal dans leur peau, on le savait depuis longtemps. Mais on a appris en septembre [avec les révélations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen] que Facebook connaissait pertinemment ces effets délétères, et ce depuis 2019, grâce à une enquête qu’il a lui-même réalisée. Le réseau a pourtant fait très peu pour lutter contre le problème, ce qui alimente les débats.

Sur Instagram, les photos sont en majorité posées et mises en scènes. Les jeunes ont beau en avoir parfaitement conscience, cela ne rend pas les choses plus faciles pour autant, comme l’explique Berfin Gul :

On sait très bien que ce qu’on voit sur Instagram n’est pas vrai, mais on veut malgré tout aussi avoir de belles photos. Avant, je retrouvais mes copines juste pour faire des photos. Sur lesquelles on devait être les plus belles possible, sinon à quoi bon. Les photos devaient être parfaites, obtenir plein de likes. Si une photo n’arrivait même pas à 100 likes, autant la supprimer. Pour une fille, c’est une pression énorme.”

Maya Van Hove, 11 ans, possède un compte TikTok. Ses parents lui ont dit qu’elle pouvait avoir un compte sur un réseau social, un seul, et comme d’autres camarades de son âge étaient sur TikTok, elle les a suivis. “Je regarde avec admiration les filles sur TikTok. Elles sont toutes plus âgées que moi, elles doivent avoir dans les 16 ans. Elles dansent super bien et elles sont toutes très jolies. J’aimerais bien maigrir un peu, mais j’adore les gâteaux, alors je n’y arrive pas.”

 

Une limite d’âge ?

 

La pression est parfois trop forte pour des enfants en pleine puberté, mais que peut-on y faire ? Leur interdire l’accès à certaines applications ? Les États-Unis semblent en bonne voie pour adopter une législation allant en ce sens. [En octobre], la lanceuse d’alerte Frances Haugen a plaidé devant le Sénat américain pour fermer les portes d’Instagram aux moins de 16 ou 18 ans, ce qui exclurait de son usage un groupe particulièrement sensible.

“Interdire certaines applications aux enfants n’est pas la bonne manière de faire”, objecte Eva Lievens, professeure spécialisée en droit et technologies à l’université de Gand. “Cela va à l’encontre de tout ce que nous savons sur la façon dont les jeunes utilisent les technologies. Elles leur apportent beaucoup. Pendant la pandémie, les réseaux étaient une véritable bouée de sauvetage pour nombre d’entre eux.”

Même si l’on décide d’imposer une limite d’âge, encore faut-il pouvoir la faire respecter, ajoute Eva Lievens. “Or ce n’est

[…]

Dominique Deckmyn
Lire l’article original

 

 

 

 

Source : Courrier international (Le 16 janvier 2022)

 

 

 

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page