L’Éthiopie annonce l’amnistie de plusieurs personnalités d’opposition

Parmi les personnes citées par le gouvernement figurent des dirigeants du Front populaire de libération du Tigré, en guerre civile depuis la fin de novembre 2020. Le premier ministre, Abiy Ahmed, a appelé à la « réconciliation nationale ».

Le Monde – Le gouvernement éthiopien a annoncé, vendredi 7 janvier, l’amnistie et la libération de plusieurs personnalités politiques incarcérées, dont des dirigeants de l’opposition et du Front populaire de libération du Tigré (TPLF), parti de la région septentrionale du Tigré devenu groupe rebelle.

Cette annonce surprise survient après un appel à « la réconciliation nationale » lancé plus tôt vendredi, à l’occasion de la célébration du Noël orthodoxe, par le premier ministre, Abiy Ahmed, dont le pays est déchiré depuis quatorze mois par un conflit entre le gouvernement fédéral et les rebelles du TPLF.

L’objectif de l’amnistie « est d’ouvrir la voie à une solution durable aux problèmes de l’Ethiopie, de façon pacifique et non violente », selon le communiqué du gouvernement. « La clé d’une unité durable est le dialogue. L’Ethiopie fera tous les sacrifices à cette fin », selon le texte où sont énumérés les noms de plusieurs dirigeants de l’opposition, mais aussi de membres importants du TPLF.

Le TPLF, parti qui a dirigé de fait l’Ethiopie durant près de trente ans, a pris les armes depuis que le premier ministre, Abiy Ahmed, a envoyé, en novembre 2020, l’armée fédérale au Tigré pour en destituer les autorités régionales – issues du TPLF –, qui contestaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires.

Libération d’une figure de l’opposition

Le nombre de détenus concernés déjà libérés reste, pour l’heure, inconnu. Toutefois, le parti Balderas a annoncé la libération de son fondateur, Eskinder Nega, une figure de l’opposition dont le nom se trouve dans la liste des personnes amnistiées. Le parti a publié sur Facebook une photo de M. Eskinder et de l’un de ses codétenus, poings levés, devant la prison de haute sécurité de Kality, à Addis-Abeba, où ils étaient incarcérés.

Parmi les personnalités amnistiées figure aussi l’ancien magnat des médias Jawar Mohammed, membre du Congrès fédéraliste oromo. Ancien allié d’Abiy Ahmed – lui-même oromo, l’ethnie majoritaire dans le pays –, M. Jawar était devenu l’un de ses plus farouches détracteurs.

Comme M. Eskinder, M. Jawar avait été arrêté en juillet 2020 avec d’autres leaders de l’opposition, après une flambée de violences déclenchée par le meurtre par balle, à Addis-Abeba, le mois précédent, d’un chanteur très populaire, Hachalu Hundessa, porte-drapeau de l’ethnie oromo. Ces manifestations et violences avaient fait 239 morts en quelques jours, sur fond de tensions et de ressentiments ethniques.

 

Parmi les responsables du TPLF cités dans le communiqué du gouvernement figurent Sebhat Nega, l’un des fondateurs du parti, Kidusan Nega, Abay Woldu, Abadi Zemu (ancien ambassadeur au Soudan) et Mulu Gebregziabher.

Le conflit au Tigré, peuplé de 6 millions d’habitants, a fait des milliers de morts, et la région, soumise à ce que les Nations unies qualifient de « blocus de facto » de l’aide humanitaire, manque de nourriture et de médicaments.

 

Cette amnistie coïncide avec une mission en Ethiopie de l’envoyé spécial des Etats-Unis pour la Corne de l’Afrique, Jeffrey Feltman, qui tente d’encourager des pourparlers de paix entre le gouvernement et le TPLF. Ce conflit qui fait rage dans le deuxième pays le plus peuplé du continent menace de déstabiliser toute la Corne de l’Afrique.

Une décision saluée par l’ONU

M. Feltman a eu des « discussions riches et constructives » avec Abiy Ahmed à Addis-Abeba, a déclaré jeudi à la presse le porte-parole du département d’Etat américain, Ned Price. Les Etats-Unis vont œuvrer afin que « tout élan positif tiré de ces discussions puisse se concrétiser », a-t-il dit.

Sur Twitter, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a salué cette amnistie. « Je reste activement engagé à aider l’Ethiopie à mettre fin aux combats et à rétablir la paix et la stabilité », a-t-il ajouté.

Abiy Ahmed avait proclamé rapidement la victoire au Tigré à la fin de 2020, mais une contre-offensive du TPLF a permis aux rebelles tigréens de reconquérir, à la fin de juin 2021, l’essentiel de la région et de progresser dans celles voisines de l’Amhara et de l’Afar. Les rebelles ont affirmé, en novembre 2021, être arrivés à 200 kilomètres d’Addis Abeba, poussant plusieurs pays à enjoindre à leurs citoyens de quitter le pays.

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Source : Le Monde avec AFP

 

 

 

 

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