– Organisée dans un hôtel de Yaoundé entièrement bouclé par les forces de l’ordre, retransmise en direct à la télévision, c’est peu dire que l’élection du nouveau patron de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) était attendue. Non seulement les amateurs du ballon rond sont privés de compétition depuis que les championnats sont arrivés à leur terme en septembre sans qu’aucune date de reprise n’ait été fixée, mais le pays est aussi censé accueillir la prochaine Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2021 du 9 janvier au 6 février 2022.
Massivement soutenu par l’opinion publique, Samuel Eto’o, ancien attaquant des Lions indomptables du Cameroun (118 sélections, 56 buts), a donc été élu, samedi 11 décembre, à la tête de l’instance pour un mandat de quatre ans en battant le président sortant, Seidou Mbombo Njoya, par 43 voix à 31. Deux ans après avoir mis un terme à sa carrière de footballeur, l’ex-buteur du FC Barcelone et de l’Inter Milan est le premier joueur, depuis l’élection de Pascal Owona en 1993, à accéder au sommet de la hiérarchie du football camerounais.
Et la tache s’annonce ardue : Samuel Eto’o, 40 ans, hérite d’une organisation affaiblie par des crises à répétition et d’un football local en manque cruel de moyens. Revue des dossiers qui attendent le nouveau président.
Changer l’image de la fédération
La Fecafoot traverse depuis plusieurs années une grave crise de gouvernance. Elle a été placée plusieurs fois sous la tutelle de comités de normalisation par la Fédération internationale de football (FIFA) : de 2013 à 2015, à la suite de la réélection de Mohamed Iya, et de 2017 à 2018, après l’élection de Tombi A Roko, le tout sur fond d’accusations de corruption.
Samuel Eto’o, désireux de montrer que les temps ont changé, a annoncé qu’il ne garderait rien du salaire qu’il percevra pour ses nouvelles fonctions et qu’il le reverserait pour développer le football amateur au Cameroun. Il a également renouvelé à 90 % le comité exécutif de la fédération, ne conservant que quatre membres de l’ancienne équipe.
L’ex-capitaine des Lions indomptables souhaite instaurer une charte de bonne conduite qui s’appliquera aux membres du comité exécutif et aux présidents des ligues décentralisées, mais aussi améliorer la communication de l’instance au moyen, notamment, de la création d’une chaîne dédiée à la presse sportive et de la modernisation du site Internet de la Fecafoot.
Relancer la compétition, de la base aux pro
Samuel Eto’o s’est montré très critique du bilan de Seidou Mbombo Njoya. Il lui a reproché un exercice du pouvoir trop solitaire, des relations conflictuelles avec le ministère des sports camerounais et de ne pas avoir tenu ses engagements en matière de développement du football féminin. « L’attente vis-à-vis d’Eto’o est très forte s’agissant du foot pour les jeunes, du foot féminin, mais aussi du foot professionnel, déplore le dirigeant d’un club professionnel. Les gens attendent des compétitions pérennes, bien organisées. Amateurs comme supporteurs en ont assez de voir le football camerounais se porter aussi mal. Lors des compétitions continentales, nos clubs sont souvent très vite éliminés ! »
Le nouveau président de la Fecafoot, qui fut champion d’Afrique 2000 et 2002, veut notamment organiser un championnat national incluant les différentes catégories d’âge. Lui-même issu d’un centre de formation local, la Kadji Sport Academies, Samuel Eto’o prévoit la construction de trois structures de ce type et de quarante stades municipaux à l’horizon 2030.
M. Eto’o s’est engagé à rendre les championnats professionnels (ligue 1 et 2) plus attractifs, en attirant de nouveaux partenaires économiques et en œuvrant à l’augmentation des subventions allouées aux clubs par l’Etat. Pour atteindre cet objectif, il veut travailler plus étroitement avec la Ligue de football professionnel du Cameroun (LFPC). Les relations entre les deux instances s’étaient dégradées en 2020 quand chacune avait voulu organiser son propre championnat.
Le nouveau patron du football camerounais devra également s’attaquer à l’amélioration des conditions de vie des joueurs professionnels, dont beaucoup touchent des salaires rarement suffisants pour subvenir à leurs besoins. « Aujourd’hui, beaucoup d’entre nous sont obligés de faire des petits boulots à côté !, dénonce Joël Ndzana, actuellement sans club après avoir quitté Panthère sportive du Ndé. « Or, poursuit-il, nous demandons des choses simples : un calendrier régulier pour les championnats professionnels, ce qui est le minimum pour un grand pays de football comme le Cameroun ; des salaires décents et payés tous les mois aux joueurs, le respect des contrats signés par les clubs. Eto’o connaît les réalités du football local, et c’est pour cela que les joueurs l’ont majoritairement soutenu. »
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