
Le Monde – Après de nombreux déplacements en France et à l’étranger, ces dernières semaines, Eric Zemmour a officialisé, mardi 30 novembre, sa candidature à l’élection présidentielle. Le polémiste d’extrême droite a annoncé sa décision dans une vidéo publiée, mardi à midi, sur les réseaux sociaux. Il sera l’invité du journal télévisé de 20 heures de TF1, mardi soir.
« Il n’est plus temps de réformer la France, mais de la sauver. C’est pourquoi j’ai décidé de me présenter à l’élection présidentielle », a déclaré l’ancien chroniqueur du Figaro et de CNews dans une vidéo de dix minutes, en lisant un texte aux accents dramatiques et nostalgiques, entrecoupé d’images d’archives et de sa campagne sur le 2e mouvement de la 7e Symphonie de Beethoven. Il justifie sa décision ainsi : « Je me suis contenté du rôle de journaliste, d’écrivain, de Cassandre, de lanceur d’alerte. Je croyais alors qu’un politicien allait s’emparer du flambeau que je lui transmettais. Je me disais “à chacun son métier, à chacun son rôle, à chacun son combat”. Je suis revenu de cette illusion. »
Un discours sur fond de théorie raciste du « grand remplacement »
Eric Zemmour, l’air grave, a lu lentement son texte, dans une scénographie copiée sur l’appel du 18 juin du général de Gaulle : un étrange et énorme micro posé sur un bureau, devant une bibliothèque assez sombre, comme dans les allocutions officielles des présidents de la République. Sur le fond, le discours est apocalyptique sur l’état du pays, pendant que défilent des images de violences, puis de son image d’une France rêvée – de Gaulle, Jeanne d’Arc, Napoléon –, ce pays « léger et brillant », « tellement intelligent », « ce pays qui est en train de disparaître ».
Le candidat d’extrême droite a égrené tout au long de sa déclaration des références à la théorie raciste du « grand remplacement ». Après une longue anaphore décrivant la France comme « le pays des chevaliers », « de Victor Hugo », « des barricades et de Versailles », « de Clemenceau », « de Barbara » ou encore « de Jean Moulin », il s’est adressé directement à ceux qui se sentent « étrangers dans [leur] pays ». « Vous êtes des exilés de l’intérieur », leur a-t-il dit.
« L’immigration n’est pas la source de tous nos problèmes même si elle les aggrave tous », a poursuivi le candidat. Il se veut le porte-parole des Français qui sont « méprisés par les puissants, les élites, les bien-pensants, les journalistes, les politiciens, les universitaires, les sociologues, les syndicalistes, les autorités religieuses ». Fustigeant l’Union européenne, « qui ne sera jamais une nation », M. Zemmour promet de « reconquérir » la souveraineté de la France « abandonnée aux technocrates et aux juges européens ».
Face aux « gouvernants de droite comme de gauche », qu’il accuse d’avoir « menti » en « dissimulant la gravité de notre déclassement » et « caché la réalité de notre remplacement », M. Zemmour dit ne pas vouloir laisser le pays se faire « dominer, vassaliser, conquérir, coloniser ». « Nous ne nous laisserons pas remplacer », lance-t-il dans les derniers instants de son adresse.
La vidéo, publiée en live sur YouTube, a cumulé près de 90 000 connexions simultanées. Olivier Ubéda, responsable des événements de son équipe de campagne, a confirmé au Monde que « la vidéo [avait] été tournée il y a deux semaines, dans un endroit privé ».
Le défi des parrainages
A quatre mois et demi de l’élection, l’ancien chroniqueur est donc lancé officiellement après une précampagne électrique, ponctuée de plusieurs polémiques. M. Zemmour, qui a 63 ans, doit tenir son premier véritable meeting de campagne dimanche après-midi, au Zénith de Paris. La Confédération générale du travail (CGT) de Paris, Solidaires Paris et la Jeune Garde antifasciste ont déjà promis une manifestation pour « faire taire Zemmour », à 13 heures au départ de Barbès, dans le 18e arrondissement de la capitale.
En se déclarant mardi, le polémiste, qui ambitionne de rassembler les électeurs de droite et d’extrême droite, parasite au passage le processus d’investiture en cours au sein des Républicains (LR), qui départagent de mercredi à samedi leurs cinq prétendants. Ceux-là doivent débattre une dernière fois à la télévision mardi soir, juste après le journal télévisé de 20 heures, sur France 2 et France Inter.
M. Zemmour, condamné deux fois pour provocation à la haine raciale, se déclare après avoir conclu, ce week-end, une visite chahutée à Marseille par un échange de doigts d’honneur avec une passante. Un geste « fort inélégant », a-t-il convenu le lendemain.
Stanislas Rigault, qui anime Génération Z, le mouvement de jeunesse du candidat, a reconnu un moment « compliqué » à Marseille. « Ce n’est pas la meilleure période », mais « je ne pense pas que la dynamique va s’essouffler, on a un Zénith qui sera rempli », a-t-il assuré sur BFM-TV. « L’aventure va commencer demain à 12 heures », avait-il tweeté, lundi soir.
Ne bénéficiant pas du soutien d’un parti, la constitution d’un réseau sur le terrain sera l’un de ses nombreux défis, ne serait-ce que pour récolter les 500 parrainages d’élus nécessaires à une candidature à la présidentielle. Son camp assure s’appuyer sur 250 à 300 promesses de parrainages.
Source : Le Monde
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com