
Le message traditionnel du chef de l’Etat mauritanien à l’occasion du 61ème anniversaire de l’indépendance est considéré par les observateurs comme un discours bilan à mi-mandat notamment sur les avancées sociales. Et pour la troisième fois, Ould Ghazouani rate son rendez-vous avec l’histoire en zappant la question de la cohabitation qui divise les Mauritaniens depuis l’indépendance.
Sans doute c’est encore une fois un calcul politique pour laisser la patate chaude du passif humanitaire entre les mains des participants au prochain dialogue que le président Ould Ghazouani a choisi de mettre l’accent sur son bilan social à mi-parcours de son quinquennat. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Plus d’1 million 300000 personnes ont bénéficié d’un programme alimentaire et financier. 100 000 familles ont désormais leurs transferts monétaires directs. Le programme Tékavoul a distribué plus de 2 milliards d’ouguiya avec en toile de fond plus de 600000 personnes bénéficiant d’une assurance maladie.
Des résultats encourageants mais qui n’expliquent toujours pas la pauvreté des Mauritaniens qui font face depuis la crise sanitaire provoquée par la pandémie covid-19 à la hausse des prix des denrées alimentaires et la perte de pouvoir d’achat malgré des mesures gouvernementales pour un nouveau mécanisme de régulation des prix. Bien entendu, Ould Ghazouani a pointé les chantiers en cours dans les secteurs prioritaires de son programme à savoir l’agriculture et l’élevage, la santé, l’hydraulique et l’assainissement.
Mais pour la troisième fois, Ould Ghazouani rate le rendez-vous avec l’histoire en contournant tous les dossiers sensibles de la cohabitation. La dernière concertation nationale sur la réforme du système éducatif est même passée sous silence et pourtant des mesures importantes ont été préconisées pour un système éducatif unique avec la réintroduction des LN dans l’enseignement.
C’est encore une fois un message à la nation raté pour un 61ème anniversaire de l’indépendance sur fond d’une journée de deuil et de recueillement à la mémoire des 28 soldats négro-mauritaniens assassinés le 28 novembre 1990 à Inal.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 28 novembre 2021)
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