Interpol : Ahmed Naser Al-Raisi, un général émirati accusé de torture, élu président

L’assemblée générale de l’organisation a élu à sa tête cet inspecteur général du ministère de l’intérieur des Emirats arabes unis, visé par plusieurs plaintes en France et en Turquie.

Le Monde – Sa candidature soulevait un vent de fronde depuis plusieurs semaines. Le général émirati Ahmed Naser Al-Raisi, accusé de torture, a été élu président d’Interpol, jeudi 25 novembre, a annoncé l’organisation internationale de police criminelle. Il a obtenu la majorité des deux tiers (68,9 %) au troisième tour du vote des Etats membres.

Le président d’Interpol, désigné pour quatre ans, occupe ses fonctions à temps partiel, de façon bénévole, et conserve ses fonctions dans son pays d’origine. La fonction de président est essentiellement honorifique – le directeur effectif de l’organisation étant son secrétaire général, Jürgen Stock –, mais des organisations de défense des droits humains et des élus européens s’inquiètent de l’arrivée de M. Al-Raisi.

Inspecteur général du ministère de l’intérieur émirati, M. Al-Raisi est visé par plusieurs plaintes pour « torture » en France, où siège Interpol, et en Turquie, pays hôte de l’assemblée générale qui se tient à Istanbul depuis mardi.

« Triste jour pour les droits de l’homme »

« La campagne organisée de diffamation [contre M. Al-Raisi] a été écrasée sur le rocher de la vérité », s’est félicité Anwar Gargash, conseiller du président émirati et ancien chef de la diplomatie, jeudi.

Hiba Zayadin, chercheuse sur le Golfe à Human Rights Watch (HRW), a, de son côté, déploré l’élection du « représentant du gouvernement sans doute le plus autoritaire du Golfe » à la présidence d’Interpol. « Triste jour pour les droits humains », a-t-elle écrit sur Twitter. En octobre 2020, dix-neuf organisations non gouvernementales (ONG), dont HRW, s’inquiétaient déjà du choix possible du général émirati, « membre d’un appareil sécuritaire qui prend systématiquement pour cible l’opposition pacifique ».

Un rapport britannique publié en mars a conclu que les Emirats arabes unis avaient détourné le système des notices rouges (les avis de recherche internationaux diffusés par Interpol) pour faire pression sur des opposants. D’autres pays sont accusés de faire de même.

Dans une référence à peine voilée à M. Al-Raisi, la Tchèque Sarka Havrankova, l’autre candidate à la présidence d’Interpol, a rappelé sur Twitter, jeudi matin, que les statuts de l’organisation impliquaient de « s’opposer aux arrestations et détentions arbitraires et de condamner la torture ».

Inquiétudes des ONG

« Nous sommes profondément convaincus que l’élection du général Al-Raisi porterait atteinte à la mission et à la réputation d’Interpol et affecterait lourdement la capacité de l’organisation à s’acquitter efficacement de sa mission », écrivaient à la mi-novembre trois députés européens, dont Marie Arena, présidente de la sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen, à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Dans l’une des plaintes déposées en France et en Turquie, l’ONG Gulf Centre for Human Rights (GCHR) accuse le général émirati d’« actes de torture et de barbarie » contre l’opposant Ahmed Mansour, détenu depuis 2017 dans une cellule de 4 mètres carrés « sans matelas ni protection contre le froid » et privé d’« accès à un médecin, à l’hygiène, à l’eau et aux installations sanitaires ». Ces procédures n’ont, jusqu’ici, pas abouti.

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Source : Le Monde Avec AFP

 

 

 

 

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