
Deutsche Welle – C’est une semaine marquée par un événement sans précédent qui touche à sa fin au Bénin. Mercredi Cotonou a fêté le retour définitif sur leur terre d’origine des 26 œuvres d’art des trésors royaux d’Abomey restituées par la France. Après la fête, le Bénin fait face au défi du travail à mener avec ces oeuvres. Cette semaine des universitaires du pays se sont d’ailleurs penchés sur la question, avec Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, co-auteurs du rapport sur la restitution du patrimoine africain commandé par la présidence française en 2018.
« Des résistances ont sauté »
Car après ces resitutions, les regards sont et seront de plus en plus tournés vers le Bénin. Bénédicte Savoy pense même que cet événement changera à l’avenir totalement la diplomatie mondiale. L’historienne française se dit persuadée de la fin des résistances auxquelles on était habitué depuis les indépendances.
« Ces résistances ont sauté, les verrous psychologiques ont sauté, les opinions publiques en Europe en particulier la jeunesse supporte de moins en moins l’idée d’avoir un privilège culturel d’accès à ces patrimoines, tandis que leurs homologues d’Afrique n’ont pas accès à ce patrimoine pour des raisons de visas, pour des raisons économiques », assure-t-elle. « Cette nouvelle justice patrimoniale s’est engagée aujourd’hui, je suis persuadée que les restitutions seront une chose tout à fait naturelle, paisible au 21è siècle, et que l’acte fondateur de cette entrée dans une ère nouvelle a été posé ici à Cotonou. »
« Le travail ne fait que démarrer »
Une nouvelle ère positive, mais qui confère une responsabilité historique au Bénin, qui devient ainsi un modèle. « Il y a donc une image à préserver« , pour l’économiste et écrivain sénégalais Felwine Sarr. Selon lui, l’élite béninoise en général et les universitaires en particulier ont un rôle fondamental à jouer, notamment par rapport à l’éducation et à la sensibilisation sur la valeur de ces biens. « Cet événement ouvre des chantiers, des chantiers épistémologiques, sur l’histoire, sur l’histoire de l’art, des chantiers anthropologiques », insiste-t-il.
« Et tout ce travail-là c’est un travail de veille d’universitaires. Et donc du coup le travail n’est pas fini, il ne fait que démarrer et la présence des objets ouvre des questionnements nouveaux, ces questionnements nouveaux ce sont les universitaires qui doivent les prendre en charge. »
Des échanges à venir
Ces objets qui reviennent au Bénin ont aussi une signification pour les peuples voisins, voire au-delà. Bénédicte Savoy y entrevoit un des grands espoirs de cette restitution : les objets pourront faire objet d’échange, à l’intérieur de l’Afrique ou entre le continent et les Amériques par exemple qui ont aussi des contacts spirituels avec l’Afrique. « Les musées entre eux, les grands musées internationaux ils se prêtes les œuvres les uns les autres quand ils peuvent se rendre les prêts », explique-t-elle.
Rodrigue Guézodjè
Source : Deutsche Welle (Allemagne)
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