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Thaqafa – Depuis une année, le nouveau marché à bétail de Boghé, construit par le Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel (PRAPS-Mauritanie) accueille éleveurs et courtiers venus des quatre coins du département. Fini les réticences d’avant. Aujourd’hui, tous apprécient le confort des infrastructures et la commodité des lieux. C’est ce qu’une équipe de journalistes a constaté sur place le 28 octobre 2021.
« Nous attendons juste d’être fixé sur les directives pour qu’on débute réellement la gestion du marché, gestion qui d’ailleurs a commencé depuis près d’une année, mais il manque seulement quelques détails à régler pour foncer à plein régime. »
Abdourahim Sall – Crédit Aidara
C’est en ces termes que M. Abdourrahim Ibrahima Sall, président du Comité de gestion du marché à bétail de Boghé construit par le PRAPS, a accueilli un groupe de journalistes en visite au marché ce jeudi 28 octobre 2021. Une partie des journalistes étaient d’ailleurs à Boghé, il y a un peu plus d’un an, lorsque le nouveau marché venait juste d’être terminé. Ils ont encore en écho la réticence des éleveurs et courtiers lorsqu’ils leur avaient demandé, s’ils comptaient y déménager. « Jamais ! » s’était récrié la plupart.
Un nouveau marché équipé incomparable avec l’ancien
Aujourd’hui, c’est avec un grand sourire que les récalcitrants d’hier reconnaissent avoir été dans le tort. « L’habitude par rapport à notre ancien espace de vente nous avait fait croire qu’on ne pourra pas trouver meilleur endroit, bien qu’on était exposé aux intempéries sans aucun refuge autre que des abris de fortune, avec l’insécurité en plus » reconnaît Sow Elimane, courtier à Boghé.
Anarchie et insécurité, l’ancien marché de Boghé – Crédit Aidara
Sécurité et commodités du nouveau marché – Crédit Aidara
« Il n’y a rien de comparable entre l’ancien marché et celui-ci construit par le PRAPS. Avant, nous étions sur un terrain appartenant à un particulier, ouvert aux quatre vents, sans aucune infrastructure. Nos animaux étaient souvent exposés au vol et personne n’osait y laisser traîner un cabri. Nous partions avec notre bétail le soir pour les ramener le lendemain à cause de l’insécurité » débite M. Abdourrahim Sall. Puis, reprenant son souffle, il déclare, la voix grave : « Ici, nos bêtes sont en sécurité. L’endroit est clôturé par des murs en dur surmonté de barbelés. Il y a un gardien. Nous avons des enclos, une salle de prière et une grande véranda pour le repos, des toilettes, de l’eau courante et de l’électricité. Qu’est-ce-que vous voulez de plus ? » s’interroge-t-il, en jetant un regard rapide sur ses deux adjoints et quelques curieux qui suivaient les échanges, comme pour les prendre à témoin. Tous acquiescent de la tête.
Rentrées substantielles pour la commune
Nejib Imijine -Crédit Aidara
Nejib Ould Imijine est le percepteur de la commune chargé de collecter la taxe sur le bétail. Selon lui, les rentrées sont encore modestes, soulignant que, par jour, ce sont environ 40 à 50 caprins, et entre 10 et 15 vaches environ, qui rentrent et sortent du marché. « Les activités sont actuellement au ralenti ; c’est surtout durant les grands évènements, comme les fêtes religieuses, où le marché connaît vraiment son pic » reconnaît-il. En attendant que les procédures de gestion soient établies, il évoque quelques failles dans le contrôle des flux de bétails qui entrent ou sortent. Pour le moment, il trouve que les retombées du marché sur la commune et les acteurs sont appréciables. Pas beaucoup de charges financières sur les éleveurs et courtiers de nature à entraver leurs activités d’une part et d’autre part, quelques rentrées subsidiaires qui permettent à la commune d’assurer la gestion des lieux. « Nous prélevons 100 MRO par jour et par mouton, et 200 MRO pour les vaches, ce qui fait environ des recettes journalières qui varient entre 2.000 à 4.000 MRO par jour pour la commune » estime-t-il.
Une activité économique encore au ralenti
Mohamed Ould Salem – Crédit Aidara
Le ralentissement des activités est partout patent en cette journée d’octobre, et la pluviométrie n’a pas été clémente cette année, se plaignent plusieurs éleveurs interrogés. C’est le cas de Mohamed Ould Salem, courtier. « Notre travail consiste à acheter et revendre des moutons. Les prix ont beaucoup baissé. Un mouton se vend aujourd’hui entre 26 et 40.000 MRO. Avant, durant les mois passés, ça allait jusqu’à 50 ou 60.000 MRO » témoigne-t-il. « Il nous arrive de partager à trois ou quatre l’achat d’un mouton pour ensuite diviser les bénéfices après la vente, pour vous dire notre état de vulnérabilité » poursuit-il. Lui et ses deux amis qui l’accompagnent trouvent que le nouveau marché de Boghé est de loin plus rentable et plus fréquentable que « la calamité que nous avions auparavant » lance Mohamed Ould Salem dans un sourire narquois. Amady Hamadou Sow de Thialgou est du même avis, même s’il reconnaît qu’il n’y a pas encore assez d’acheteurs qui se bousculent au marché à bétail ces temps-ci.
C’est la même complainte de la part de Vatimetou Mint Imijine, vendeuse de thé. Plateau de verres et grosse théière entre les mains, elle se plaint de ses faibles entrées. « L’activité économique est lente ici, et parfois je rentre à la maison sans la dépense de la journée » gémi-t-elle. « Mais Alhamdoulilah, le nouveau marché est là, et nous disposons de toutes les commodités. Regarde le grand hangar dans lequel j’officie ! Avant, je n’avais rien pour me couvrir du soleil et du vent » lance-t-elle dans un soupir.
La mairie de Boghé impose son autorité aux acteurs du marché à bétail
Mahmoud Ahmed Dia, 2ème Adjoint Maire de Boghé – Crédit Aidara
« Nous entretenons d’excellentes relations avec les acteurs du nouveau marché à bétail » se félicite M. Mahmoud Ahmed Dia, deuxième adjoint au maire de Boghé, dans un excellent arabe. Pour ce qui est des problèmes connexes, il y en aura toujours, reconnaît-il en substance. Par rapport, par exemple, aux plaintes liées aux inondations qui rendent le marché inaccessible pendant l’hivernage, il déclare que cette situation n’est pas propre au marché, et que même les locaux de la municipalité et tout le quartier situé dans la partie Boghé Less, souffrent des mêmes problèmes d’accessibilité pendant la période des pluies. « Nous parvenons cependant toujours à résoudre ce problème en pompant l’eau » souligne-t-il. Il a évoqué par ailleurs le retard pris dans le début d’une vraie gestion du marché. Ce qui est dû selon lui, à des procédures administratives en cours de finalisation liées aux directives à suivre par le bureau du Comité de gestion. « N’empêche, dira-t-il, la gestion est bien assurée depuis l’ouverture du marché ».
Un courtier en provenance de Thialgou – Crédit Aidara
Pour imposer son autorité, le maire adjoint a déclaré que la commune a sorti une circulaire dont copie a été remise au Hakem et aux forces de l’ordre, la gendarmerie et la police notamment, interdisant toute opération de vente ou d’achat de bétail en dehors du nouveau marché, au niveau du département de Boghé. Les contrevenants, selon lui, s’exposent à de lourdes amendes.
Des éleveurs et courtiers venus de tout le département de Boghé – Crédit Aidara
Il a enfin remercié le PRAPS pour cette infrastructure d’envergure qui permet, selon lui, d’organiser plus rationnellement la vente du bétail sur pied, pour le grand bien des acteurs du secteur, pour la commune et pour les services déconcentrés de l’Etat, comme les services vétérinaires, entre autres.
Cheikh Aïdara
Source : Thaqafa
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