
Courrier international – De Dakar à Nairobi, la présence des agences onusiennes, qui paient très grassement leurs employés expatriés et poussent les salaires des habitants du cru à la hausse, dope les économies locales, mais les rend aussi dépendantes. Explications.
Dans tous les pays en développement où s’implante l’ONU, une économie très spécifique se met en place autour de ses bureaux. D’autres organisations internationales fleurissent à proximité, et les expatriés s’installent dans les beaux quartiers où sont situées ces institutions. Les commerçants locaux se font concurrence pour leur vendre fournitures de bureau, produits frais et autres denrées de base, tandis que les travailleurs non qualifiés se font embaucher comme femme de ménage, jardinier ou agent de sécurité. Dans ces quartiers, les petites entreprises comme les cafés haut de gamme et les pressings prospèrent grâce à la clientèle expatriée et aux salariés autochtones grassement rémunérés.
Salaires démesurés et primes d’expatriation
Si l’activité économique est si intense autour des bureaux de l’ONU, c’est parce que l’organisation compte de nombreux employés, qui ont beaucoup d’argent à dépenser. Le secrétariat de l’ONU a annoncé un budget de 3,1 milliards de dollars pour 2022 [près de 2,7 milliards d’euros], auxquels viennent s’ajouter de grosses sommes destinées au maintien de la paix et au fonctionnement d’autres agences. Or une bonne partie de ce budget est consacrée aux salaires : les “administrateurs”, qui sont régulièrement réaffectés aux quatre coins du monde, perçoivent un traitement de base annuel allant de 46 000 dollars [environ 40 000 euros] pour un débutant jusqu’à 205 000 dollars [plus de 177 000 euros] pour un secrétaire général adjoint (généralement directeur d’une agence onusienne comme le Programme alimentaire mondial).
C’est déjà plus qu’il n’en faut pour vivre confortablement dans n’importe quelle capitale africaine, mais les expats qui s’installent avec leur famille ont également droit à des allocations supplémentaires. Par ailleurs, les postes dans des villes comme Nairobi ou Addis-Abeba s’accompagnent de primes, car ces affectations sont considérées comme “difficiles”. (Cette appréciation est discutable : si la délinquance de rue est chose courante à Nairobi, le climat, les bars, les clubs de sports, et le bœuf grillé au barbecue rendent tout de même la vie très agréable.)
Avoir un siège de l’ONU dans sa ville est un atout
Dans n’importe quelle ville, l’arrivée massive de travailleurs bien payés donne un coup de fouet à l’économie. Lors de la création de l’ONU, en 1945, les métropoles américaines ont bataillé pour accueillir le siège de l’organisation. Depuis, des villes comme Copenhague et Genève courtisent les agences
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Source : Courrier international
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