Insécurité et tensions aux frontières, malaise intérieur : La Mauritanie dans l’œil du cyclone ?

Le Calame –  Depuis 2011, la Mauritanie a pu se prémunir de la violence terroriste qui sévit chez plusieurs de ses voisins, l’ex-président de la République réussissant à éviter attentats et attaques « grâce à l’acquisition d’équipements performants par les forces armées », expliquaient Ould Abdel Aziz et ses chefs militaires dont l’actuel Président. Mohamed Ghazwani déclarait, dans une récente interview : « nous avons établi un équilibre de la peur avec les terroristes ». Du temps ou après son ex-ami ?  Et certains d’avancer qu’Ould Abdel Aziz avait déjà acheté la paix en signant un pacte de non-agression avec les djihadistes. Des responsables du Nord-Mali n’avaient-ils pas pignon sur rue à Nouakchott ? Jouissant, par ailleurs, d’un front intérieur réduit à sa plus faible expression, l’opposition n’ayant su imposer un rapport de force en sa faveur, l’ex-Président put ainsi couler tranquillement ses deux mandats.

La donne serait-elle en train de changer ? La question mérite d’être posée. L’annonce par la France du retrait de Barkhane au moment où les djihadistes intensifient les attaques au Mali, l’éventuelle arrivée de la société de sécurité russe Vagner dans la région, la tension croissante entre le Maroc et l’Algérie : la Mauritanie voit l’étau se resserrer autour de son territoire. L’installation de mercenaires russes au Mali et leur entrée en action contre les terroristes ne risque-t-il pas d’accentuer la menace sur le territoire mauritanien ? Acculés, les djihadistes n’hésiteront pas à se chercher des positions de repli. La frontière mauritanienne offre cette opportunité, obligeant alors notre pays à mobiliser ses forces et les placer sur le qui-vive, mettant les populations sous tension permanente, avec un afflux probable de réfugiés. Un autre camp de M’Bera pourrait se former…

Au plan intérieur, les concertations politiques tardent à se concrétiser. Mais les acteurs politiques s’y préparent depuis quelque temps et la situation à nos frontières peut accélérer les choses : le pays a besoin d’un consensus autour de certaines questions nationales consignées dans la feuille de route de ces discussions. L’unité nationale est malade et il faut un remède de cheval pour la sortir de sa torpeur ; laisser pourrir la situation actuelle est un danger potentiel pour l’avenir. Et ce cocktail coïncide avec la gestion à haut risque du « Dossier de la Décennie », l’emprisonnement de Mohamed Ould Abdel Aziz et les agitations de ses partisans ajoutent aux troubles de notre mare…

Recyclage

Enfin, le silence de l’actuel président de la République et l’absence de véritables changements par rapport à la gouvernance de son prédécesseur ne plaident pas plus en faveur de l’actuel régime. Au lieu de renouveler la classe politique et se débarrasser de certaines « pontes » de l’ex-Président, Ould Ghazwani a beaucoup misé sur leur recyclage, laissant de côté beaucoup (trop ?) de ceux qui l’ont soutenu pendant sa campagne présidentielle. Il n’est plus rare d’entendre, dans ce climat, certains exprimer leur déception. Les plus virulents n’hésitent plus à dire qu’Ould Abdel Aziz était plus craint et redouté « parce qu’il avait de la poigne ».  Et de reprocher à son successeur de laisser trop de liberté à son dircab.

C’est dans ce contexte lourd de menaces que le bureau exécutif de l’UPR, principal parti de la majorité présidentielle, a tenu réunion, le samedi 9 Octobre à l’hôtel Mauricenter de Nouakchott. Selon diverses sources, cette rencontre avait pour objectif de discuter de la contribution du parti aux concertations en gestation entre les acteurs politiques. Il faut rappeler que l’UPR travaille depuis plus d’une année à peaufiner sa vision de la Mauritanie, en organisant moult rencontres, tant en régions qu’à Nouakchott, sur les thématiques qui préoccupent les gens, comme l’unité nationale et la cohésion sociale. Mais il est fort à parier que l’instance suprême de ce parti débattra également de la situation socio-économique avec la flambée des prix, les évènements de R’Kiz et la visite du ministre de l’Intérieur en diverses régions du pays. Une grogne nettement perceptible, consécutive à la maigreur du changement espéré par les citoyens à l’arrivée de l’actuel Président. Beaucoup de ceux qui le soutinrent pendant la présidentielle de 2019 s’estiment oubliés.

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Dalay Lam

Source : Le Calame

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