Mauritanie : le débat sur la transcription des langues nationales en caractères latins ou arabes est dépassé

Les polémiques sur les réseaux sociaux sur la transcription des langues nationales en caractères latins ou Alphabet Phonétique International (API) ou arabes constituent un vieux débat. Pour les observateurs, le vrai débat réside dans la révision de la constitution de 1991 initiée par le génocidaire Ould Taya qui met une sourdine sur l’officialisation de ces langues.

Secret de Polichinelle. C’est sous le régime de Ould Haidalla que l’Institut des langues nationales fut créé en 1979 pour transcrire le pulaar, le soninké et le wolof en caractères latins en vue de leur introduction dans le système éducatif mauritanien. Une première expérimentation réussie jusqu’en 1984 date du coup d’État de Ould Taya dont le régime va tout remettre en cause et en initiant en 1991 une constitution qui va officialiser l’arabe et reléguer, l’arabe, le pulaar, le soninké et le wolof au statut de langues nationales. L’arabe ayant ainsi un double statut de langue officielle et nationale c’est-à-dire la langue officielle du système politique, de l’enseignement et des médias. 30 ans après, l’arabisation à outrance fracture le pays. C’est clair.

Le débat aujourd’hui c’est la réintroduction des langues nationales dans le système éducatif au moment où il enregistre le pire résultat depuis plus de 60 ans classant ainsi la Mauritanie dernière de la classe du monde avec 8 pour cent de bacheliers toutes séries confondues. Après une riche expérimentation des langues nationales saluée par les pays voisins et l’Unesco, la transcription en caractères arabes est un faux débat voire obsolète, relayé par les panarabistes d’obédience Nasro-Baasiste proches du pouvoir et dont les arguments selon lesquels l’arabe est la langue du Coran et que tous les Mauritaniens sont des musulmans, constituent une contradiction avec la réalité géopolitique de la Mauritanie comme étant un trait d’union entre le monde arabe et africain.

Pour les observateurs adopter les caractères arabes reviendrait à isoler les négro-mauritaniens de l’Afrique noire et ghettoïserait les langues nationales dont l’ouverture au monde est indispensable pour les sciences et techniques. La constitution de 1991 met en sourdine l’officialisation des langues nationales, c’est le seul débat qui mérite d’être remis à l’ordre du jour.

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 30 août  2021)

 

 

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