Afrique : on fait de tout avec le bambou et la FAO en fait la promotion

L'agence onusienne souhaite que la République démocratique du Congo participe, à son tour, à l'extension de la plante aux "10 000 produits" en Afrique.

A première vue l’attelage peut surprendre. En novembre dernier, L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation internationale du bambou et du rotin (INBAR) ont signé un protocole d’accord, lançant un partenariat de cinq ans pour promouvoir l’utilisation du bambou et du rotin pour le développement durable.

Qu Dongyu, le directeur général de la FAO a rappelé à l’occasion le potentiel du bambou. 117 membres sont des pays en voie de développement situés dans les régions subtropicales et tropicales. « Alors vous pouvez imaginer… Il y a un grand potentiel pour le bambou. Bamboo sera l’un des « arbres économiques » les plus rapides pour aider ces membres », a annoncé enthousiaste Qu Dongyu.

Rappelons que, contrairement à ce que dit le docteur Qu, le bambou n’est pas un arbre, mais une plante herbacée à croissance rapide. Quant au rotin avec lequel il est associé, c’est en fait un palmier à lianes qui s’accroche aux arbres.

Dernière action en date, les deux organismes, FAO et INBAR, œuvrent de concert pour convaincre la République démocratique du Congo de rejoindre l’organisation internationale qui compte 48 pays membres dont 20 en Afrique. Car les avantages que peut en retirer l’immense pays sont considérables, tant économiques qu’environnementaux.

 

Du cure-dents au vélo

 

Sur le plan économique, l’usage du bambou semble se décliner à l’infini. « Nous pouvons produire dix mille différents types de produits », assure René Kaam, le directeur pour l’Afrique de l’INBAR. « On a les cure-dents, on a des brochettes, on a des revêtements de sol, on a la pulpe des papiers, on a les textiles, on a la construction, on a le charbon, on a plusieurs applications des bambous qui permettent de créer des richesses au niveau local », précise René Kaam.

Le vélo en bambou, un incontournable de l'économie décarbonnée. (MARCIO FERNANDES / AG?NCIA ESTADO VIA AFP)

 

Un plaidoyer qui a convaincu Eve Bazaiba, la vice-Première ministre de l’Environnement et développement durable de la RDC. « Cette adhésion sera porteuse de beaucoup d’espoirs d’autant plus que le bambou joue un rôle clé dans les défis du changement climatique ».

Car selon l’INBAR, le bambou peut être un outil de stockage du carbone à grande échelle. Il absorbe 13 tonnes de carbone par hectare et par an, contre 3 pour une forêt de feuillus. En tant que matériau, « les produits en bambou peuvent avoir une empreinte carbone faible voire négative tout au long de leur cycle de vie ».
Grâce à sa pousse rapide et sa nature robuste et peu exigeante, sa culture ne nécessite peu ou pas d’engrais. Ses rhizomes très étendus et profonds réduisent l’érosion des sols.

En Afrique, l’Ethiopie avec son million d’hectares de bambouseraies est le leader du continent et alimente les deux tiers du marché africain. Ici le bambou pousse à l’état naturel et son développement est récent, soutenu notamment par des experts chinois. En Éthiopie, le bambou est utilisé dans l’agriculture pour protéger les rigoles et pour la culture intercalaire des plantes. On s’en sert aussi pour protéger les cultures du soleil et du vent, ou encore sous forme de paillis pour lutter contre la sécheresse.

 

Des freins au développement

 

Le secteur du bambou est freiné dans son développement par deux obstacles : le manque de prise en compte de ses avantages significatifs par les décideurs nationaux d’une part qui le boudent quelque peu. « Malgré ses multiples métamorphoses et ses nombreux mérites, cette ‘herbe magique’ tend dans les pays où son usage est quotidien, à être présentée comme le matériau du pauvre et finit par être supplantée par les matières plastiques », écrivait un spécialiste en 2005.

D’autre part, la classification de cette espèce de graminées est complexe. Les bambous sont répertoriés comme des espèces invasives et peuvent en effet rapidement coloniser un milieu, au risque d’impacter la biodiversité.
Curieusement les réglementations forestières limitent parfois sa récolte et son commerce. Dans certains pays en effet, le bambou est considéré comme un arbre, et subit ainsi toutes les obligations légales pour sa coupe et son transport. C’était ainsi le cas jusqu’en 2017 en Inde.

« Bien utilisé », explique l’INBAR, « le bambou peut aider un grand nombre de pays à faible ou moyen revenu à atteindre leurs objectifs de développement durable. »

Jacques Deveaux
France Télévisions Rédaction Afrique

Source : France Info

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