La pilule philosophique – Désolé, les études universitaires ne vous rendent pas plus intelligents

Chaque semaine, Courrier international vous propose un billet qui soulève des interrogations sur notre condition moderne en s’appuyant sur des œuvres littéraires, scientifiques et, bien sûr, philosophiques. Ce samedi, un chroniqueur du Times de Londres remet en question la valeur accordée aux diplômes de l’enseignement supérieur.

Vers 20 ans, je n’avais qu’une idée en tête : décrocher un master. Je me suis rendu passablement malheureux en poursuivant ce but : j’économisais presque tout l’argent que je gagnais, j’ai emménagé dans une chambre d’amis chez mon grand-père et j’ai souscrit un énorme prêt étudiant. Une telle obsession avait quelque chose d’irrationnel. Je ne suis pas sûr que j’aurais pu expliquer de façon cohérente pourquoi je pensais avoir besoin d’un deuxième diplôme de littérature anglaise.

Je dirais que j’étais victime de ce que l’écrivain américain Fredrik deBoer appelle le “culte de l’intelligence” : cette idée si répandue à notre époque que l’intellect est la principale des qualités et que la réussite universitaire est “le mètre étalon de la valeur humaine”.

Il me semble que deBoer a raison : l’intellect est absurdement surévalué. Pour nos élites, les écoles, les universités et les résultats d’examens sont souvent devenus une manie épuisante. Presque tout emploi prestigieux ou bien payé demande un diplôme. Si vous dites à un ami de la classe moyenne que son enfant n’est pas doué pour le sport, il réagira peut-être en levant les yeux au ciel d’un air entendu. Si vous lui dites que son enfant n’est pas très futé, je ne donne pas cher de votre amitié.

 

Diplômes et faire-part de mariage

 

Nous avons oublié que l’intelligence était une qualité humaine admirable parmi d’autres. Les sociétés anciennes attachaient davantage d’importance au courage, à l’habileté manuelle ou aux compétences sociales.

Aujourd’hui, manifestement, on associe l’intelligence et la valeur humaine à toutes les étapes de la vie. Dans le New York Times, les faire-part de mariage précisent la formation universitaire et les titres de troisième cycle, là où autrefois ils faisaient la liste des membres de la famille. Il y a bien plus de chances que les journaux signalent la mort d’un jeune étudiant prometteur que celle d’un jeune ouvrier du bâtiment.

Nettement plus inquiétant encore, de nombreux diplômés ont pour habitude de confondre l’intelligence et la supériorité morale : c’est pourquoi Hillary Clinton a qualifié les partisans de Donald Trump de

 

 

 

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James Marriott
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Source : Courrier international (Le 31 juillet 2021)
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