Nigeria : 23e cérémonie des Trailblazers Awards, le rappeur Monza nominé, retour sur un parcours de A à Z

C’est un des emblèmes de la vieille école du rap mauritanien. Il vient d’être nominé, une première pour un artiste mauritanien, aux Trailblazers Awards 2021 qui auront lieu le 18 juillet à Lagos, la capitale nigériane.

Les Trailblazers Awards, crées il y’a 23 ans, récompensent les artistes qui ont contribué aux grandes avancées de l’industrie musicale par leur activisme ainsi que les efforts de promotion et de défense du talent africain.

Kane Limam dit Monza est l’un des rares artistes africains écoutés à la Place de Fontenoy, au siège de l’UNESCO, à Paris, dans la capitale française.

Pour beaucoup de mauritaniens, Monza est d’abord l’alter ego de Couly Man avec qui il a formé, en 2010, La Rue Publik, mais également le créateur du festival Assalamalekoum, Assalamalekoum Tour, Assalamalekoum Découvertes, Zaza Productions et un proche de l’homme d’affaires Ahmed Ould Hamza, ancien président de la communauté urbaine de Nouakchott (CUN), dissoute entre temps, pour devenir, le Conseil Régional de Nouakchott.

En Europe, les médias le considèrent comme étant le rappeur le plus connu de Mauritanie, une voix sur le continent, un artiste engagé qui dit tout haut ce que son peuple pense tout bas dans ses textes, comme par exemple dans l’une de ses chansons, « 1001 ».

Plusieurs festivals à son arc qui viennent compléter un cursus discographique bien rempli (« Président 2 la rue publik » sorti en 2004, « Incontextablement » en 2007, « Mauritaniana » en 2009, « Grand JE » en 2014 et « Mauritana » en 2016).

En 2019, il interprète « Vaishna Jan to », un hymne à la paix, la chanson préférée de Gandhi. Il fera partie des 124 artistes dans le monde identifié par le gouvernement indien pour célébrer les 150 ans de la naissance de Ghandi.

Depuis 2020, il est vice-président d’Arterial Network, un réseau dynamique composé d’ONG, d’institutions, d’entreprises du domaine de l’économie créative, de festivals, ainsi que d’artistes individuels et d’acteurs et actrices du secteur culturel africain.

Fervent défenseur de la francophonie et ambassadeur incontournable de la Mauritanie à l’international, Monza a su mettre la Mauritanie sur la carte du monde de la culture.

Parcours en trois chansons d’un militant culturel dont la voix résonne jusqu’à l’UNESO.

 

2017 : « Light 4 my people »

 

 

Sort le 27 octobre 2017, « Light 4 my people ». Le rappeur fait appel à Lass, lauréat d’Assalamalekoum Découvertes (2004) et artiste du label Zaza Productions. Leur rencontre est explosive.

Monza a écrit cette chanson pour évoquer les ravages de l’alcool et de la drogue dans le milieu des jeunes. En tournée, en France, le rappeur en profite pour faire la promotion de cette chanson sur les télévisons.

« La Mauritanie fait face à un phénomène grandissant par rapport à l’utilisation de la drogue (…) que beaucoup de jeunes utilisent. Et il y’a eu beaucoup d’incidents et surtout de cas de jeunes qui se retrouvent dans des situations vraiment très graves. Et nous, en tant qu’artiste, sachant qu’on peut mobiliser l’opinion, on a décidé de tirer la sonnette d’alarme », avait expliqué Monza lors d’un entretien au journal Afrique de TV5 Monde.

2019 : « MNSR LPRSDNT »

 

 

Le 25 février 2019, il sort « MNSR LPRSDNT », une chanson dans laquelle, il transmet « le cri du peuple » mauritanien, explique le rappeur à Cridem Culture.

Nous sommes à quatre mois de l’élection présidentielle de juin 2019. Monza profite de cette échéance pour se faire entendre. Daniela Ahanda (Cameroun), une des finalistes de The Voice Africa 2017, participe à la chanson enregistrée au studio Sankara de Didier Awadi, son éternel mentor.

Parmi les autres invités figurent, Gueladio Bâ, ancien guitariste d’Ousmane Gangué et illustre fils de Saidou Ba de l’Orchestre national de Mauritanie des années 70.

« MNSR LPRSDNT » fait également écho à l’emprisonnement de Hamada, un membre du très célèbre collectif de rap, Ewlade Leblade. Dans cette chanson, Monza rend également hommage à Franz Fanon et Thomas Sankara. Il invite également la jeunesse de son pays à rompre les amarres avec le communautarisme.

 

2021 : « Ça suffit »

 

 

Sorti le 2 mai 2021, ce titre ne ressemble en rien aux deux précédents, signant un de ses titres phares. En l’espace d’un mois sur Facebook, le clip est visionné plus de 42.000. Monza propose un beat inédit, la chanson connait un carton plein.

Monza défend dans son dernier clip l’identité d’« un mauritanien tout court », face aux craquellements de la société mauritanienne, autrement dit « ça suffit que le peuple se voile la face ».

Le son aux accents rock and roll est irrésistible, les paroles remettent les pendules à l’heure sur beaucoup de sujets comme le vivre-ensemble ou encore la spoliation des terres. Le rappeur polyglotte évoque également cette «Mauritanie d’antan [qui] a cessé d’exister », autrement dit, la Mauritanie des années 60-70. La chanson prône la fraternité, l’amour, la justice, le vivre-ensemble.

Maureen, une chanteuse camerounaise, participe à la chanson. Sa voix chaude lui donne du punch. Sur les cendres de la « Mauritanie d’antan », Monza invite à la construction d’un pays fier de son identité pour aller de l’avant malgré ses béats stigmates.

Une chanson coup de gueule, ine fine, qui se veut le porte-étendard d’un « peuple déplumé »…

 

 

 

Babacar BAYE NDIAYE – Journaliste à Cridem

 

 

 

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page