Football : ces maillots très politiques

L’UEFA a réclamé, début juin, la modification pour l’Euro du maillot ukrainien qui avait heurté les Russes. Dans les grandes compétitions et en championnat, la tenue des joueurs est sujette à controverse.

Le 6 juin, l’Association ukrainienne de football (AUF) a dévoilé son maillot pour l’Euro 2021. Une tenue jaune et bleu, classique à première vue, mais sur laquelle on discerne les contours des frontières de l’Ukraine incluant la Crimée. L’initiative n’a pas plu au voisin russe, qui a annexé ce territoire en 2014 sans que la communauté internationale ne le reconnaisse. Idem pour les deux slogans figurant sur le maillot : « Gloire à l’Ukraine ! » et « Gloire aux héros ! », qui reprennent un chant patriotique. Interpellée par la Russie, l’UEFA a demandé à l’AUF de modifier la mention « Gloire aux héros » mais elle a en revanche validé la carte de l’Ukraine figurant sur le maillot et incluant la Crimée

2017 : trois bandes et une guerre d’Espagne

 

 

 

Adidas ne s’attendait pas à provoquer une polémique en divulguant, en novembre, le maillot espagnol pour la Coupe du monde 2018. Sur le côté droit, le rouge et le bleu se confondant légèrement, le motif des trois bandes rappelle le drapeau de la Seconde République (rouge, jaune et violet), qui s’est conclue par la guerre civile et l’accession au pouvoir du général Franco en 1939. Le régime avait aussi, à l’époque, accordé l’autonomie à la Catalogne, un sujet très sensible dans le pays ces dernières années. De quoi faire réagir des responsables politiques espagnols. L’équipementier et la fédération sont restés fermes : « C’est bien du bleu, rien que du bleu. »

 

2016 : le coquelicot britannique et l’amende

 

 

 

C’est une règle édictée par la FIFA : aucun message politique, religieux ou commercial n’est autorisé sur les maillots des équipes nationales. Le poppy britannique n’échappe pas à la règle. Ce coquelicot est porté dans tous les pays du Commonwealth de fin octobre au 11 novembre, jour de l’armistice, en hommage aux morts et aux blessés de la première guerre mondiale. La FIFA a donc sanctionné les fédérations anglaise et écossaise (respectivement d’une amende de 42 000 euros et de 18 600 euros) pour avoir arboré le poppy. Une décision « scandaleuse », selon Theresa May, alors première ministre.

 

2014 : le « 1 » des contours de la Palestine

 

 

 

En janvier, le Club Deportivo Palestino, évoluant en première division chilienne, présente sur ses maillots des chiffres « 1 » au dessin particulier : ils affichent les contours de la Palestine avant 1948 et la création de l’Etat d’Israël. Le club, fondé en 1920 par des immigrés palestiniens, reste soutenu par une importante communauté locale (la plus grande en dehors du monde arabe). Selon France 24, le gardien de l’équipe avait déjà porté un numéro similaire en 2002, sans provoquer alors de scandale. Mais, cette fois-ci, la communauté juive a fortement réagi et la Fédération du Chili a interdit le maillot au bout de trois matchs.

 

1992 : croix gammées et souvenirs fascistes

 

 

 

 

En Italie, la Fiorentina ne garde pas un bon souvenir de la saison 1992-1993 et de sa relégation en Serie B. Le début de la compétition du club florentin n’a pas été plus riant. La faute au maillot extérieur. Les formes géométriques de sa partie supérieure laissent deviner deux croix gammées, remarquées après quelques matchs par des supporteurs. La polémique est amplifiée par le passé sulfureux du club : de 1931 à 1945, son stade porte le nom de Giovanni Berta, militant fasciste de Florence. La Fiorentina et l’équipementier Lotto défendent le caractère fortuit des symboles, mais rangent le maillot après une semaine.

Robin Richardo

 

 

Source : M Le Magazine –  Le Monde (Le 18 juin 2021)

 

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