Vidéo – Guinéens du Sénégal : une communauté ingénieuse qui contrôle des pans entiers de l’économie

Malgré les relations tendues entre Dakar et Conakry, les Guinéens sont, au Sénégal, dans leur seconde patrie, bien intégrés, mais surtout dominants, grâce à leur solidarité et leur ingéniosité, des pans entiers de l’économie.

 

La communauté guinéenne est estimée, a minima, à quelque 700.000 personnes au Sénégal, dont la plupart est installée à Dakar et dans les grandes villes des régions. Ces ressortissants de la Cédéao, qui n’ont besoin comme document que de leur carte d’identité pour vivre et travailler au Sénégal, dominent le secteur de la distribution du pays de la Teranga, mais également des petits services.

Ils avaient commencé à opérer avec le secteur des fruits, mais à partir de 1989, avec le départ de la communauté mauritanienne, suite aux malheureux évènements de cette année-là, les Guinéens vont prendre d’assaut le commerce de détails. Au point où, aujourd’hui, il n’est pas de quartier, de rue où l’on ne trouve de boutiques, d’épiceries ou de cantines tenues par les un ressortissant de Guinée Conakry.

Il y a également les « tanganas » (littéralement, c’est chaud en langue wolof), les fameuses gargotes installées dans des baraques en bois, au coin d’une rue et qui servent des petits-déjeuners ou de sommaires dîners à une clientèle à bas revenus ou travaillant dans les marchés.

Enfin, ce sont eux qui contrôlaient depuis les années 1970, et contrôlent encore aujourd’hui, la distribution de charbon de bois, un produit encore très utilisé au Sénégal et qui s’achète chez le Diallo « këriñ » (vendeur de charbon).

Car faut-il le rappeler, au Sénégal, la hardiesse guinéenne dans la travail a fini par transformer le patronyme Diallo en nom commun: un « Diallo » signifie souvent un commerçant, surtout quand il est suivi d’un terme wolof indiquant son activité. Ainsi, à côté du Diallo këriñ, il y a le Diallo banaana qui est le vendeur de fruits, le Diallo bitig ou boutiquier, le Diallo Tangana etc.

 

Ainsi, les Guinéens au Sénégal ont-ils fini par être identifié par ce patronyme, quand bien même ce n’est pas le leur, puisque c’est le plus répandu dans la région du Fouta Djallon dont la plupart sont originaires.

Leur présence est remarquée dans plusieurs autres secteurs, allant de la coiffure à la couture, en passant par les taxis. Mais, ils deviennent de plus en plus des investisseurs dans l’immobilier, l’importation…

Leur point fort est d’avoir toujours les prix les plus bas ou de faire crédit à une clientèle de proximité, jusqu’à la fin du mois. Ainsi, le Guinéen qui tient l’épicerie du coin a toujours un livre ouvert pour les pères de famille qui désirent s’y approvisionner jusqu’à la fin du mois avant de régler la note.

Outre d’être très sérieux au travail, ils doivent aussi leur succès à leur solidarité et à l’entraide au sein de la communauté. En effet, pour ouvrir une boutique, il leur suffit de prendre pratiquement la totalité du stock initial chez un ou plusieurs de leurs compatriotes grossistes pour alimentation générale, sans payer la moindre facture immédiatement. Avec zéro franc, une affaire peut être montée.

Les fournisseurs ont ainsi l’assurance d’élargir leur réseau et de contrôler l’aval de leur secteur en fidélisant une boutique cliente.

Mais, ce modèle, qui a fait leur réussite, n’a rien d’unique. C’est le même que celui mis en place par des Sénégalais ou des Maliens dans des pays d’Afrique centrale pour contrôler, eux aussi, une bonne partie de la distribution au Gabon ou au Congo.

 

 

 

 

Mar Bassine

 

 

Source : Afrique.le360.ma

 

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