Mauritanie : Ibrahima Sarr sort du silence

Les observateurs reviennent cette semaine sur l’importante interview du président de l’AJD-MR au site AVOMM.COM, après une longue absence sur la scène nationale. L’icône de l’opposition contre le système va mieux mais semble atteindre des limites physiques. Ibrahima Moctar Sarr a des ressources intellectuelles pour continuer le combat de la cohabitation.

C’est un président de l’AJD-MR qui a retrouvé toute sa lucidité et une force morale après une traversée du désert depuis la dernière présidentielle. Une longue absence sur la scène nationale à cause des problèmes de santé, du recul de la représentation parlementaire du parti et de la dissidence au sein du parti. Les observateurs attendaient cette sortie médiatique de Sarr Ibrahima,   figure charismatique de l’opposition mauritanienne qui brise ainsi le silence.

Un retour sur la scène nationale pour délivrer un message d’espoir à la nouvelle génération et confirmer ses intentions de faire émerger un nouveau leadership au sein de l’AJD-MR autrement dit de nouvelles instances qui pourraient voir le jour après le prochain congrès. D’ici là, le leader de la vallée est conscient qu’il est issu d’une communauté marginalisée par le pouvoir depuis 60 ans par conséquent exclu du débat national. Le chemin qui mène vers la liberté est encore long.

Dans cette perspective, les négro-africains ont atteint les limites d’une solution politique pacifique. Mais aujourd’hui ils ne sont pas prêts à inverser la tendance dans un pays où c’est utopique de croire qu’ils arriveront au pouvoir par les urnes dans un système électoral verrouillé depuis l’arrivée au pouvoir des militaires par le conseil constitutionnel et la commission électorale nationale indépendante, deux institutions clefs de tricherie politique et de fraude électorale. Ce qui fait dire à l’ancien député et candidat malheureux trois fois aux présidentielles que ses compatriotes négro-africains ont déjà payé un lourd tribut de leur libération depuis 58 avec le pic du génocide de 89 sous le régime de Ould Taya. Ce lourd passif humanitaire est aujourd’hui la clef de la résolution de la cohabitation à laquelle tient l’ancien prisonnier de Oualata qui pointe que la seule façon d’exister au moins politiquement sur la scène nationale c’est de partager les souffrances dans la confiscation des terres de culture de la vallée, d’exiger l’enseignement des langues nationales et enfin de se mobiliser pour l’accès à l’état civil.

Un triptyque qui interpelle toutes les forces patriotiques du pays toutes tendances confondues pour aboutir à une convergence des luttes. C’est le sens du rapprochement de l’AJD-MR avec l’IRA de Ould Abeid et le premier parti de l’opposition TAWASSOUL et son ancrage dans la nouvelle mouvance CVE-VR, une scission de la CVE qui avait servi de test aux dernières présidentielles. Le moins qu’on puisse dire, l’élection de Ould Ghazouani n’a pas fondamentalement changé le système encore moins fait avancer l’unité nationale. Ibrahima Sarr ne croit pas au dialogue politique prôné par le nouveau chef d’Etat.

Cette perche tendue à l’opposition est devenue au fil du temps une lettre morte. Un vide politique qu’il faudra combler en se mobilisant dans l’unité contre le système et pour une Mauritanie démocratique et juste où les richesses nationales seront partagées.

A ce propos, le président de l’AJD-MR n’est pas optimiste quant à l’exploitation du gaz et du pétrole en 2023 qui pourrait glisser le pays vers d’autres dérapages qui remettent en cause l’existence même de la Mauritanie.

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 08 juin  2021)

 

 

 

 

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