Vidéo : Pourquoi les députés du Parlement de l’Union africaine à Johannesburg en sont venus aux mains

A cause de profondes divergences dans le mode d’élection du président du Parlement panafricain (Pap), notamment entre les députés d’Afrique australe et ceux d’Afrique de l’Ouest, les élus de l’Union africaine en sont venus aux mains.

 

Pendant plusieurs jours, on a eu droit à l’image d’une désunion au niveau du Parlement de l’Union panafricaine (Pap). Dans les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, le «mae geri», ce fameux coup de pied frontal des karatekas, dégainé par le député sénégalais Me Djibril War contre son homologue sud-africaine, Pemmy Majodina a suscité l’indignation de l’opinion publique. Me Djibril War s’est ensuite confondu en excuses auprès de sa victime qu’il a ratée de très peu, en affirmant qu’il est «impensable qu’un Sénégalais frappe une femme» et que le mae geri était destiné au parlementaire zimbabwéen, Fortune Zephania  Charumbira, candidat au poste de président du Pap.

 

 

Car, faut-il le rappeler, la raison de tout ce charivari, c’était l’élection du président et des quatre vice-présidents. En effet, les députés d’Afrique australe ont demandé à ce que soit instauré le principe de la rotation régionale du poste de président, comme c’est actuellement le cas pour le président en exercice de l’Union africaine. Car, depuis son instauration en 2004, aucun des cinq présidents qui se sont succédé à la tête du Parlement n’est issu de l’Afrique Australe. Cependant, leur demande ne s’est pas faite avec la manière.

D’abord, ils ont tout fait pour que l’élection, qui était censée se tenir le jeudi 27 mai, ne se tiennent que le lundi 31 mai. En effet, les parlementaires d’Afrique australe comptaient sur le départ de leurs homologues des autres régions du continent durant le week-end, ce qui leur aurait donné une majorité systématique lors du vote. Ensuite, quand, le lundi, ils se sont rendus compte qu’ils n’étaient pas forcément majoritaires, ils ont décidé de bloquer le vote en s’emparant de l’urne. C’est ce qui aurait déclenché la bagarre.

Mais, au-delà de ces faits, il y a lieu de noter que la demande de rotation de la présidence du Parlement panafricain est des plus légitime.


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Depuis 2015, sur le Perchoir, il y a le Camerounais, Roger Nkodo Dang, qui a été réélu en 2018 pour un mandat de trois ans qui a pris fin en mars dernier. Auparavant, il y a eu le Nigérian Bethel Nnaemeka Amadi  (2012-2015) et le Tchadien Idriss Ndele Moussa (2009-2012) qui avait remplacé le premier à diriger le Pap, en l’occurrence la Tanzanienne Gertrude Ibengwé Mongella (2004-2009).

Or, le premier constat qui se dégage de cette succession de présidents, c’est que trois sont issus de pays voisins: le Cameroun, le Tchad et le Nigeria. Ils ont tous les trois des frontières communes, deux étant d’Afrique centrale francophone et l’autre d’Afrique de l’Ouest anglophone. De plus, à eux trois, ils cumulent douze ans de présidence sur les 17 d’existence du Pap. La Tanzanienne, quant à elle, est issue d’Afrique de l’Est anglophone.

Pour sûr, sans l’adoption du principe non écrit de rotation régionale, les pays d’Afrique australe auront du mal à avoir un président venant de leurs rangs. C’est pourquoi ils ne voulaient pas que l’élection se poursuive.


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En tout cas, pour cette élection de mai 2021, en face du Zimbabwéen Chief Fortune Charumbira, il y avait la malienne Haidara Aïchata Cissé qui voulait être la première femme à présider le Parlement africain. Sauf que depuis hier, sa candidature n’est plus valable, puisque le Mali a été suspendu de toutes les instances de l’organisation continentale à cause du coup de force.
Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, sous la présidence de la République du Burundi pour le mois de juin, a décidé «de suspendre immédiatement la République du Mali de toute participation à toutes les activités de l’Union africaine, de ses organes et institutions, jusqu’à ce que l’ordre constitutionnel normal soit rétabli dans le pays», selon un communiqué diffusé hier soir.


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Ainsi, le Conseil a «exhorté vivement les militaires maliens à retourner d’urgence et sans condition dans leurs casernes et à s’abstenir de toute nouvelle ingérence dans les processus politiques au Mali, tout en appelant à la création de conditions propices à un retour sans entrave, transparent et rapide à la transition dirigée par des civils, sur la base de la feuille de route convenue pour la transition au Mali, faute de quoi le Conseil n’hésitera pas à imposer des sanctions ciblées et d’autres mesures punitives à l’encontre de tout trouble-fête de la transition actuelle».

En attendant la fin de la transition prévue en février 2022 et l’élection démocratique d’un président malien, logiquement, Haidara Aïchata Cissé ne peut plus se présenter comme candidate au perchoir du Pap.

Pour l’heure, l’élection est suspendue sine die par le Parlement panafricain qui en a fait l’annonce, mardi soir, laquelle mesure concerne tous «les travaux de la quatrième session ordinaire de sa cinquième législature». La décision émane du Secrétaire général du Pap, en l’occurrence, le Malawite Vipya Harawa. Il a précisé que cette suspension «fait suite à des désaccords et des perturbations survenus lors de la plénière tenue les 31 mai et 1er juin 2021 en vue d’élire le président et les vice-présidents de son Bureau».

Il reste à voir s’il sera possible de trouver un accord concernant ce principe de rotation soulevé par les députés d’Afrique australe. Pour le moment, tout le monde est suspendu à la conférence des chefs d’Etat qui est l’unique organe de décision de l’Union africaine. En effet, le Parlement n’a toujours pas le pouvoir d’imposer des lois continentales, y compris dans son propre mode de fonctionnement. Cette crise est l’occasion d’apporter des corrections à ce niveau.

Mar Bassine

Source : Afrique.le360.ma (Maroc)

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