La 21ème édition du Forum de Bamako, lieu d’échanges et de réflexion annuel, s’est tenue du 20 au 22 mai 2021, avec la participation de délégations venues de la Mauritanie, du Sénégal, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad. Au menu, « Démographie, Paix et Sécurité au Sahel » avec l’organisation de plusieurs sessions et panels, sous les auspices du Bureau Régional du Fonds des Nations Unies pour la Population pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (UNFPA WCARO) et plusieurs partenaires.
Comme chaque année, la 21ème édition du Forum de Bamako, tenue du 20 au 22 mai 2021, a drainé des personnalités venues du Sahel. Région en proie à des fragilités diverses, le Sahel est au cœur de la contribution de l’UNFPA aux réflexions et aux solutions destinées à atténuer ces fragilités. C’est dans ce cadre qu’il a été mis en œuvre cette initiative sur « la démographie, la paix et la sécurité » pour susciter les échanges et la réflexion sur ce sujet central.
Ouverture officielle
L’ouverture officielle du Forum de Bamako pour l’édition 2021 a été marquée par des échanges de discours, suivies de deux sessions, une session technique sur les consultations nationales menées autour des monographies de la Mauritanie, du Sénégal, du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad, et une deuxième session sur la Jeunesse et la Migration.
Ouvrant les travaux, le Ministre de l’Economie et des Finances du Mali, M. Soussourou Dembélé, a souligné que « cette rencontre est une grande opportunité pour les décideurs politiques et les techniciens du développement, lieu de réflexion scientifique sur les questions portant sur le triptyque « démographie, paix et sécurité ». Selon lui, cette rencontre est importante, car elle participe à l’amélioration de la planification budgétaire des gouvernements du Sahel, surtout dans un contexte de crise politique, humanitaire et sécuritaire.
« Nous voici de nouveau à Bamako pour parler de démographie, de paix et de sécurité », avait déclaré auparavant, le Directeur régional de UNFPA WCARO, M. Mabingue Ngom, qui a salué les initiateurs du Forum de Bamako, en l’occurrence son président, Abdallah Coulibaly. Selon lui, l’édition de 2020 avait permis de jeter les bases de la réflexion sur cette problématique, mais aussi de nouer des partenariats solides qui ont permis d’obtenir de résultats probants. « Nous sommes aujourd’hui ici, pour continuer le dialogue politique que nous avons engagé l’année dernière autour de cette question lors des consultations nationales, mais également lors du symposium de haut niveau organisé le 2 décembre » a-t-il poursuivi.
M. Mabingue Ngom estime que c’est pour asseoir une analyse fondée sur des données et des évidences sur la situation au Sahel, que l’UNFPA et les gouvernements de la région ont opté pour une approche novatrice qui consiste à apporter un nouveau narratif et à jeter un nouveau regard sur les faits, les évidences et faire des propositions pour un Sahel résilient, et engager un dialogue politique de haut niveau sur le lien entre « Démographie, Paix et Sécurité ».
Les Secrétaires généraux des Ministères de la Jeunesse du Burkina Faso et du Tchad, M. Doukouré Jean Philipe et Mohamed Ndonga Christian, ainsi que le Secrétaire général du ministère de la Population du Niger, M. Mahamadou Issaka Kamaye, ont mis l’accent sur l’importance des thèmes abordés, notamment le capital humain, l’investissement dans la jeunesse, ainsi que l’incidence de la dynamique de la démographique sur la paix et la sécurité au Sahel.
Le Représentant Résident de l’UNFPA au Mali, M. Eugène Kongnyuy a salué pour sa part l’esprit d’équipe qui a animé démographes, techniciens de la paix et de sécurité qui ont toujours travaillé séparés auparavant et qui ont décidé d’œuvrer ensemble pour produire l’excellent document sur « Démographie, Paix et Sécurité ». Si chacun travaille seul, selon lui, on pourra gagner un match, mais pas le championnat. « En Afrique et au Sahel, nous avons plutôt besoin de gagner le championnat, d’où l’exigence de travailler en équipe » a-t-il affirmé.
S’exprimant au nom du président du Forum de Bamako, l’ex-Premier ministre de Guinée, Kabiné Komara, a loué le rôle de l’UNFPA dans l’élaboration de la Feuille de route de l’Union africaine de 2017 sur le thème « Tirer pleinement du dividende démographique en investissant dans la jeunesse ». Cette feuille de route constitue aujourd’hui, selon lui, une référence pour les pays de la région. « C’est une fierté d’avoir l’UNFPA dans cette 21ème édition » a-t-il souligné.
Sessions techniques
Cette session a porté sur le cadre théorique et les regards croisés sur les facteurs de fragilité, ainsi que les perspectives en matière de politiques publiques.
Le Pr. Alioune Sall, sociologue et spécialiste de la prospective en Afrique, Directeur exécutif de l’Institut des Futurs Africains, a présenté l’ouvrage « Démographie, Paix et Sécurité au Sahel ». Selon lui, l’ouvrage vise un double objectif : d’abord un souci de clarification conceptuelle et analytique en ayant à l’esprit qu’un axiome bien posé est à demi résolu, ensuite, la contribution de l’UNFPA dans l’amélioration de la situation au Sahel.
Il a développé les quatre parties de l’ouvrage, la partie définitions et concepts, la partie concernant la situation présente du Sahel, une partie concernant les avenirs possibles pour le Sahel avec trois scénarii possibles, une tendancielle, une d’adaptation et un scénario catastrophe. Enfin, la dernière partie qui répond à la question de savoir quelles politiques publiques pour que le scénario souhaitable devienne réalité.
Le Pr. Alioune Sall a ensuite rappelé les recommandations du symposium virtuel du 2 décembre 2020 qui a été consacré à l’ouvrage.
La monographie de la Mauritanie
Dr. Sidi Mohamed Zenvour, Directeur de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP) 2016-2030, au Ministère des Affaires Economiques et de la Promotion des Secteurs Productifs, a présenté la monographie « Démographie, Paix et Sécurité » de la Mauritanie, mettant en exergue ses objectifs. Il s’agit d’abord, selon lui, de répondre à la forte demande sociale à travers le partage des fruits de la croissance, ensuite, assurer une gouvernance économique, administrative, environnementale et financière.
Il a rappelé qu’avant le présent forum de haut niveau de Bamako, la Mauritanie avait organisé le 17 mai 2021, des consultations nationales. Il a souligné que malgré les efforts consentis pour la création d’opportunités économiques, de lutte contre la pauvreté et l’exclusion politique, les défis restent énormes, comme dans le reste du Sahel.
Selon lui, les objectifs des consultations nationales tenues à Nouakchott avaient pour objectif, de promouvoir l’appropriation et l’internalisation des conclusions de la monographie « Démographie, Paix et Sécurité », apporter des contributions aux implications politiques des défis qui y sont liés, formuler des recommandations pour soutenir la conception des politiques et programmes innovants, fournir un cadre de réflexion sur les principaux défis thématiques spécifiques au pays.
Cinq panels ont été organisés, a-t-il expliqué en substance, un panel par acteur (administration, société civile, partenaires, jeunesse, secteur privé). Il a ensuite énuméré les trois groupes de résultats qui ont été dégagés, dont le constat amer d’une forte croissance démographique et d’une forte fertilité, avec l’accent sur l’extrême jeunesse de la population (60% ayant moins de 25 ans), ainsi que le difficile arbitrage entre budget défense et sécurité, et budget pour le développement social et économique.
Plusieurs autres intervenants ont animé cette session, l’activiste Bintu Zahara Sakor, Dr. Issa Larba Kobyagda, DG de l’Economie et de la Planification du Burkina Faso, Dr. Aruna Sougané, DG de l’Institut national de la statistique du Mali et Dr. Mainassara Asouman, DG du Plan et des Prospectives du Niger.
Cheikh Aïdara
Source : Thaqafa (Le 31 mai 2021)
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