Nigeria : mort du chef de l’armée dans l’accident d’un avion militaire

Nommé en janvier à la tête de l’armée dans un pays en proie notamment à une insurrection djihadiste, le lieutenant général Ibrahim Attahiru a péri aux côtés de dix autres officiers. Les conditions météorologiques sont en cause.

Le chef de l’armée nigériane, le lieutenant général Ibrahim Attahiru, est mort dans le crash d’un avion militaire avec dix autres officiers, vendredi 21 mai, en fin d’après-midi autour de l’aéroport de Kaduna dans le nord du Nigeria, ont annoncé les autorités.

Le militaire âgé de 54 ans avait été nommé à la tête de l’armée le 26 janvier par le président nigérian, Muhammadu Buhari, sous le feu des critiques après des mois de grave détérioration de la situation sécuritaire dans le pays le plus peuplé d’Afrique, en proie notamment à une insurrection djihadiste. L’annonce de son décès survient alors que des informations sur la possible mort du chef du groupe djihadiste Boko Haram, Abubakar Shekau, grièvement blessé mercredi soir dans des affrontements avec des djihadistes rivaux, ne cessent de circuler.

Le président Buhari a exprimé « sa profonde tristesse » après le crash de l’avion militaire, « qui a enlevé la vie au chef de l’armée, le lieutenant général Ibrahim Attahiru et à d’autres officiers militaires », dans un communiqué vendredi soir. Dix autres officiers sont morts dans ce crash, « qui a eu lieu peu après le décollage à l’aéroport de Kaduna à cause du mauvais temps », selon l’armée, qui précise dans un communiqué, qu’une enquête a été ouverte.

« Un coup mortel »

 

combat une insurrection djihadiste dans le nord-est du pays depuis 2009, un conflit qui a fait plus de 40 000 morts et a forcé à la fuite plus de deux millions de personnes.

En mai 2017, M. Attahiru avait pris la tête des opérations contre le groupe djihadiste dans le nord-est du pays, mais il avait été limogé sept mois plus tard alors que les attaques de Boko Haram n’avaient pas diminué.

L’armée nigériane, sous-financée et accusée de mauvaise gestion, est critiquée de toute part pour son incapacité à mettre un terme aux violences dans le pays, et particulièrement à l’insurrection djihadiste. Depuis des années, elle tente notamment de neutraliser le leader de Boko Haram, Abubakar Shekau, en vain. Elle avait même annoncé à plusieurs reprises sa mort, à tort.

Une menace djihadiste toujours forte

 

Mercredi, ce sont des djihadistes du groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) qui ont réussi à encercler la maison où se trouvait Abubakar Shekau, dans la forêt de Sambisa, dans le nord-est du Nigeria. Selon deux sources proches des services de renseignement, le leader s’est grièvement blessé en tentant de se suicider pour éviter d’être capturé par les djihadistes rivaux liés à l’Etat islamique (EI).

L’une de ces sources a affirmé vendredi soir à l’Agence France-Presse (AFP) qu’Abubakar Shekau était finalement mort jeudi des suites de ses blessures. « Shekau est mort hier soir dans le village de Nainawa. Il a été enterré dans la nuit, mais sa tombe n’a pas été marquée, pour éviter que l’armée nigériane ou les djihadistes rivaux ne puissent l’exhumer », a affirmé à l’AFP cette source. Un habitant de ce village situé dans la forêt de Sambisa a confirmé à l’AFP avoir vu une vingtaine de véhicules de Boko Haram, dont l’un transportant un corps, arriver jeudi soir dans la localité.

 

Ni Boko Haram ni l’Iswap n’ont pour l’heure annoncé la mort d’Abubakar Shekau, mais pour plusieurs médias nigérians et spécialistes de la région, son décès ne fait plus de doute. La perte de Shekau serait un coup dur pour Boko Haram, dont il a été la figure centrale pendant onze ans, mais elle ne signifierait pas la fin de l’insurrection djihadiste.

Au contraire, la prise du fief de Shekau pourrait permettre à l’Iswap, devenu le groupe le plus puissant dans la région, de consolider son emprise sur le territoire, et de mener des attaques encore plus sophistiquées contre l’armée nigériane.

 

 

 

Source : Le Monde avec AFP

 

 

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