Mauritanie : la demande de Ould Ghazouani d’annulation de la dette peu viable économiquement

La demande persistante du président mauritanien pour annuler la dette africaine au dernier sommet de Paris sur la relance des économies africaines, ressemble fort à une gouvernance confuse de Ould Cheikh Ghazouani qui relance la souveraineté de la Mauritanie sur les décisions économiques des finances publiques.

Incontestablement la Mauritanie fait partie des pays subsahariens les plus endettés depuis au moins une dizaine d’années. Un lourd héritage du régime de Ould Aziz sur lequel s’appuie Ould Ghazouani pour justifier la situation gravissime économique du pays de dix années de gabegie et de corruption. Ce surendettement est un sérieux handicap à un rapide assainissement des finances publiques.

Après plus d’une année de gouvernance, le nouvel homme fort a fait pencher la balance sur une possibilité de l’effacement de la dette extérieure par la France d’un côté et de l’autre les pays riches du G7 via les institutions internationales le FMI et la Banque Mondiale. Le président mauritanien s’est montré très actif au sein du G5 Sahel dont il était président en exercice en 2020 pour plaider l’annulation de la dette des 5 pays pour faire face à la crise sanitaire sans précédent provoquée par la pandémie de la covid-19 et dont les implications économiques et sociales ont pesé lourdement sur les trésors publics. Les arguments pour la relance économique, la lutte contre le terrorisme islamique et la gestion du flux migratoire. Nouadhibou étant la plaque tournante d’un vaste réseau de passeurs clandestins vers l’Europe, sont considérés par les observateurs comme des demandes recevables politiquement mais peu viables économiquement dans un contexte de crise mondiale exacerbée par la covid-19.

En demandant de réallouer les droits de tirages spéciaux des pays riches vers les pays en développement, Paris initie une issue au surendettement des pays africains pour continuer à payer leurs dettes dans un autre chapitre d’endettement. Cette réponse à la fois économique et politique de la France relance la souveraineté de la Mauritanie sur les décisions économiques des finances publiques.

L’effacement d’une dette extérieure projetée à plus de 56 pour cent du PIB n’est pas envisageable pour un pays potentiellement très riche et dont les résultats de la production du fer et les recettes de pêche industrielle sont largement excédentaires en 2021 malgré la covid-19. De quoi boucher les trous du trésor public.

Dans le passé, la Mauritanie avait bénéficié en 2005 de l’effacement de sa dette. Et en 2018 l’annulation de toutes ses dettes avec la France au titre de l’aide au développement et même un soutien financier de 44 millions d’euros pour la période 2018-2020 pour consolider son budget.

La demande de Ould Ghazouani est perçue comme une demande de trop par les observateurs qui pointent une assistance financière internationale qui perdure et qui impacte sur les politiques publiques. En 2020, le pays a reçu plus de 300 millions de dollars d’aide internationale. Ajouter à cela les 2 milliards de dollars des Emirats arabes unis suite à la première visite du chef de l’Etat mauritanien à Abu Dhabi. Et les mauritaniens attendent encore que les milliards saisis par la justice dans le cadre du dossier Ould Aziz, soient restitués à l’Etat.

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 21 mai 2021)

 

 

 

 

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