Des millions d’Indiens ont contracté le Covid-19, les hôpitaux sont dépassés par les évènements et les morts se comptent par milliers, probablement même par dizaines de milliers, chaque jour, dans le sous-continent. Mais à Haridwar, la petite ville de l’Uttarakhand située près de la source du Gange, dans l’Himalaya, les croyants continuent de s’immerger dans le fleuve sacré, comme si de rien n’était. Mardi 27 avril, “environ 1350 sadhus [ascètes] et 25 000 dévots y ont pratiqué le dernier bain rituel de la Kumbh Mela”, rapporte l’Indian Express.

Ce grand rassemblement hindou, organisé tous les trois ans sur quatre sites différents à tour de rôle, a démarré en janvier et doit s’achever vendredi 30 avril. “À l’issue de cette ultime immersion, les autorités ont annoncé qu’un couvre-feu contre le Covid allait entrer en vigueur à partir du 28 avril et durer jusqu’au 3 mai”, précise le journal. Un peu tard…

Une affluence pourtant bien moindre que prévue

 

Lors des deux plus grands bains de l’année, plus de 6 millions de personnes s’étaient rendues dans la cohue à Haridwar, “3,2 millions le 11 mars et presque autant le 14 avril”, à la suite de quoi des milliers de cas de Covid-19 avaient été détectés. Peu après, le Premier ministre, Narendra Modi avait demandé aux organisateurs de terminer la Kumbh Mela de manière “symbolique”, si bien que le bain de mardi a rassemblé beaucoup moins de monde que prévu, 1 % des effectifs initialement annoncés, sans pour autant être annulé.

Preuve du gigantisme de l’Inde, l’Hindustan Times semble se féliciter que “seules quelques dizaines de milliers de croyants aient participé au dernier bain”. Le quotidien anglophone précise tout de même que “ceux qui l’ont fait ont ignoré les protocoles tels que le port d’un masque ou la distanciation physique”. Il rappelle aussi que le gouvernement Modi “a été critiqué pour avoir autorisé la tenue de cet événement de masse en pleine pandémie”. Le plus grave est qu’en repartant chez eux “les fidèles propagent le virus dans d’autres régions de l’Inde”.

Guillaume Delacroix