Tchad : l’UA ne change pas de lunettes sur les dictatures africaines

Les réactions tardives et rébarbatives de l’Union africaine après des crises africaines sous le vocable de coups d’Etat font apparaître toujours la dimension politique de l’organisation panafricaine qui entrave la démocratie et la bonne gouvernance des Etats africains comme en témoigne la crise tchadienne. Les rares condamnations sont distillées par son conseil de paix et de sécurité pour faire place à un dialogue inclusif comme c’est le cas du Tchad.

Deux coïncidences sur la situation au Tchad qui sont en faveur du conseil militaire. Idriss Déby assurait la présidence tournante du G5 Sahel laquelle revient de fait à son fils Mahamat Itno Déby autopropulsé par le conseil militaire comme président intérimaire. Le président de la commission africaine est le tchadien Moussa Faki Mohamed qui entend faire la lumière sur la réalité de son pays avant d’agir. Il s’agit bel et bien d’un coup d’Etat constitutionnel qui remet pour 18 mois le pouvoir un général de 37 ans dont la mort du père reste toujours un mystère dans un pays dirigé par une dynastie Itno Déby.

Cette passation de pouvoir qui viole la constitution tchadienne n’est pas condamnée par l’UA peut être à cause de la mort tragique du président Idriss Déby. Il suffit de gratter un peu pour voir la dimension hautement politique de l’organisation panafricaine qui met sous le tapis les questions qui fâchent comme la rébellion, un grand classique des tchadiens pour accéder au palais. Ce sont des questions taboues pour l’UA derrière des lunettes qui l’empêchent de mettre au même pied d’égalité un coup d’Etat militaire ou révolution de palais et un coup d’Etat constitutionnel symbolisé par des troisièmes mandats interdits et le cas tchadien de circonstances de mort du président.

Dans tous les cas, c’est une atteinte à la démocratie et à la stabilité politique. La crainte d’une guerre civile et l’instabilité de la région affichée par l’UA au lendemain des obsèques d’Idriss Déby sert d’alibi pour mener une médiation à N’Djaména  anticipée par le président mauritanien Ould Ghazouani et le nouveau président nigérien Mohamed Bazoum, tous deux sont élus démocratiquement et ils sont membres du G5 Sahel conscients des dangers de l’embrasement au Sahel. Ils sont arrivés à faire taire les armes momentanément de la rébellion du Nord.

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 25 avril 2021)

 

 

 

 

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