La galère des étudiants boursiers mauritaniens à Dakar

Les étudiants boursiers mauritaniens orientés à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar vivent le calvaire. Ils font face à des difficultés financières liées au retard du payement des bourses. Conséquence, certains craignent d’être expulsés de leur logement.

« C’est notre réel souci. Au moment où je vous parle les bourses du second trimestre n’ont toujours pas été payées. Plus d’un mois de retard ! Nous avions reçu la promesse qu’elles allaient être payées depuis la semaine dernière mais nous n’avons encore rien vu. Nous avons organisé un sit-in, lundi 12 avril, devant notre ambassade pour réclamer les virements. Les autorités consulaires nous avaient dits qu’elles en avaient discuté avec le ministre de l’enseignement supérieur et que la situation ne devrait pas perdurer, mais toujours rien », regrette Oumar Ba étudiant en 6ème année de médecine, par ailleurs secrétaire général de l’amicale des étudiants mauritaniens de la faculté de médecine de Dakar (AEMD). Et selon lui cette situation n’est pas nouvelle. « Les retards payement des bourses, c’est depuis l’ancien régime », constate-t-il.

 

Oumar Ba, étudiant en 6eme année de médecine, Secrétaire Général de l'AEMD
Oumar Ba, étudiant en 6eme année de médecine, Secrétaire Général de l’AEMD

La bourse s’élève à 360000 F CFA par trimestre, soit 120 000F CFA la mensualité. Dans une ville comme Dakar réputée être l’une des villes les plus chères du continent, il sera difficile pour un étranger d’étudier dans des conditions optimales avec ces revenus, surtout quand ils sont tardivement disponibles. « Personnellement je n’ai toujours pas payé mon loyer » faute d’argent et « un étudiant en 2éme année m’a dit qu’il est resté deux mois sans payer le loyer. Aujourd’hui il est menacé d’expulsion », déplore-t-il

La plupart des étudiants ne peuvent compter sur aucune activité pouvant leur procurer des revenus complémentaires. Ce qui fait qu’ils dépendent entièrement de leur bourse. « Nous qui sommes par exemple à la faculté de médecine, nous ne pouvons pas le faire. Parce que les cours prennent tout notre temps. C’est une branche jalouse qui demande beaucoup de concentrations. Donc même s’il y’avait des possibilités de travailler, le temps ne le permettrait pas », explique-t-il.

 

Salah Parca, Secrétaire Général de AEMTS
Salah Parca, Secrétaire Général de AEMTS

Les conditions d’hébergement extrêmement difficiles font que « vous pouvez retrouver quatre étudiants dans une chambre de 12 m². Dans ce contexte de pandémie de covid-19, c’est un risque énorme », alerte Salah PARCA, secrétaire général de l’association des étudiants mauritaniens de la faculté des sciences et techniques de Dakar (AEMTS) tout aussi sidéré par la situation de ses camarades et compatriotes. « Je lance un appel à l’endroit du gouvernement, particulièrement à M. Sidi Ould SALEM, ministre de l’enseignement supérieur de non seulement augmenter les bourses, mais surtout revoir les critères établis pour en bénéficier », a plaidé l’étudiant en master 2 à la faculté des sciences et techniques.

 

Ces étudiants mauritaniens qui étudient à l’université de Dakar ne vont pas démarrer le ramadan avec une conscience tranquille. Dispersés entre la faculté de médecine, l’école supérieure polytechnique et la faculté des sciences et techniques, ils courent derrière leur bourse depuis plus d’un mois.

 

Djibrilou Diallo

kassataya / Dakar

 

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