Affaire Aziz, contre-attaque du pôle d’enquêteurs après les dernières sorties de l’ex-président

Après près d’un mois d’accalmie, depuis les charges portées contre l’ancien président Mohamed Abdel Aziz en mars dernier pour malversations durant ses deux mandats (2009-2019), l’affaire dite de la « Décennie » où il est poursuivi en compagnie de plus d’une dizaine de ses collaborateurs est en train de prendre une nouvelle tournure. Le pôle d’enquêteurs vient de mettre sous scellé plus d’une centaine de véhicules qui appartiendrait à son cercle familial et s’apprêterait à entendre l’ex-président, placé sous contrôle judiciaire par le Parquet général. La bagatelle de 41 milliards anciennes ouguiyas a été saisie de différents comptes, plusieurs meubles et immeubles mobilisés.

Selon des sources concordantes, le pôle d’enquêteurs de la Police des crimes économiques a mis sous scellé ce vendredi 16 avril 2021 à plus d’une centaine de véhicules qui appartiendraient à l’ancien président Mohamed Abdel Aziz . Ces mêmes sources soutiennent que les locaux de la Fondation Errahma de son défunt fils Ahmedou, auraient été mis également sous scellé, avec à l’intérieur, plusieurs dizaines de véhicules tout terrain.

Il est aussi question de la convocation, mercredi 21 avril prochain, de Mohamed Abdel Aziz, pour sa première audition après les charges portées contre lui en mars dernier par le Parquet général. L’ex-président est poursuivi pour corruption, blanchiment d’argent, enrichissement illicite, dilapidation de biens publics, octroi d’avantages indus et obstruction au déroulement de la justice.

Placé sous contrôle judiciaire, l’ancien président qui est assigné à résidence à Nouakchott, devrait se présenter trois fois par semaine pour signer son acte de présence dans la Capitale. Plusieurs demandes qu’il a formulées pour se rendre à son ranch sur la route d’Akjoujt ont été rejetées.

Tournant en rond comme un fauve enragé, selon ses proches, Mohamed Abdel Aziz aurait décidé ces derniers temps de faire bouger les lignes, en faisant tapage pour se faire rappeler au bon souvenir des Mauritaniens.

Premier acte, une énième tentative de revenir sur la scène politique, par l’acte d’intégration conclu le 10 avril 2021 avec le parti « Ribat Al Watan » de Saad Ould Louleid, ancien transfuge du mouvement IRA soupçonné à l’époque de sa défection de connivence avec le régime de Mohamed Abdel Aziz. C’est d’abord, une intégration tambour battant à un parti politique jusque-là quasi méconnu sur la scène politique, le parti en question n’ayant obtenu le moindre siège au cours des dernières municipales et législatives de 2018.

La première tentative était celle opérée auprès du parti unioniste démocrate socialiste de Mahfoudh Ould Azizi. Après avoir acheté un immeuble pour la bagatelle de 14 millions anciennes ouguiyas pour y inaugurer sa première sortie publique, la manifestation fut interdite, l’immeuble consigné et le parti suspendu.

Cet acte a été précédé d’une campagne de relation publique déclenchée par ses avocats, en l’occurrence Me Ichidou, qui a alterné coups de menaces et sorties d’éclats contre les poursuivies entamées contre son client.

La démarche a même compris une menace de saisine de l’Union africaine et de la Ligue Arabe en particulier pour dénoncer « un acharnement purement politique contre l’ancien président ».

Pour ajouter davantage de cacophonie à une ambiance déjà délétère et compléter la bataille de communication engagée par l’ex-président et sa défense pour prouver son « innocence », une interview à Jeune Afrique le 15 avril 2021 à Nouakchott, par le biais d’un des journalistes de l’hebdomadaire, Justine Spiegel.

Dans cet entretien, Mohamed Abdel Aziz botte tout en touche et réclame un héritage de bonne gestion, critiquant au passage l’actuel pouvoir qui selon lui, est en train d’appauvrir le peuple et de remettre en cause plus d’une décennie de redressement pour une « Mauritanie nouvelle » (voire l’interview dans J.A).

Derniers rebondissements dans cette affaire de biens mal acquis, une commission rogatoire pour la quête de biens appartenant à l’ancien président et son cercle familial en France et en Turquie.

 

 

Cheikh Aïdara

 

 

Source : Thaqafa

 

 

 

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