Ramadan : pourquoi le début du jeûne diffère d’un pays à l’autre?

Les musulmans entament le mois béni du ramadan mardi et mercredi un peu partout à travers le monde. Cet important précepte islamique est basé sur le mois lunaire plutôt que sur le calendrier grégorien. Comment son démarrage est-il déterminé ? La science, notamment le calcul astronomique peut-elle apporter un début de solution ? Qu’en pensent les théologiens musulmans en Afrique ?

D’une année à l’autre, le ramadan est décalé de onze jours car il a toujours lieu durant le neuvième mois du calendrier islamique, un calendrier lunaire. Appelé aussi calendrier hégirien (en référence à l’hégire du prophète Mouhamed de la Mecque vers Médine), il est basé sur les cycles de la lune et compte environ 354 ou 355 jours au lieu de 365 jours comme dans le calendrier grégorien. De ce fait son démarrage ne se fait pas de façon unanime à travers le monde et même dans un même pays.

Crédit photo, AFP

Imam Mouhamadou Makhtar Kanté, un théologien sénégalais, explique que la détermination des mois lunaires est une obligation en islam car c’est associé au culte. Il a écrit un livre sur la question.

 

« Le pèlerinage, le ramadan, les fêtes comme la tabaski, la korité, l’Achoura sont liés au mois lunaire. Les heures de prières quotidiennes sont déterminées par la trajectoire du Soleil », dit-il à la BBC.

Comment la science peut-elle aider ?

Maram Kairé, président de l’Association sénégalaise d’astronomie, œuvre depuis plusieurs années pour que le processus d’observation de la lune s’appuie sur la science. En collaboration avec diverses communautés religieuses du Sénégal, il a organisé une séance d’observation à Dakar lundi soir.

« L’astronomie est une science très profondément ancrée dans la tradition arabe musulmane. La science peut apporter des informations fiables expliquées de façon simple. Il y a des musulmans qui considère que l’observation doit se faire partout où se trouve un musulman et d’autres pensent qu’il faut observer dans le territoire. Il y en a aussi qui considère que le calcul astronomique est la solution. Et ce, en donnant des informations par rapport à l’heure de conjonction pour écarter les erreurs. L’heure de coucher de la lune aussi doit être un indicateur qui permet d’éviter des erreurs », explique-t-il à la BBC.

A l’en croire, il y a des divergences entre les différentes commissions quant à l’utilisation des outils d’optiques pour observer la lune.

Mais, ajoute-t-il, au plan mondial , l’usage des télescopes est devenu une tendance.

« Il n’y avait pas de télescope du temps du prophète »

Imam Mouhamadou Makhtar Kanté, prêcheur sénégalais, estime que les premières communautés musulmanes ne maîtrisaient pas le calcul astronomique.

A en croire l’Imam, la controverse sur comment déterminer le mois lunaire s’explique par deux questions : faut-il le faire par observation oculaire ou faut-il user du calcul astronomique ?

« Certains observent à l’œil nu car ils suivent un hadith du prophète. Mais de plus en plus, les oulémas se disent que cette pratique est dû au contexte de non-maîtrise du calcul astronomique à l’époque du prophète. Depuis les années 1978, des rencontres de la ligue islamique mondiale ont estimé que le Coran parle du calcul astronomique et qu’il faut exclure les erreurs en s’aidant de ce calcul. Cela permet de connaître le moment exact où la conjonction a lieu ».

Observation à l’œil nu ou calcul astronomique

 

Légende image, Des membres de l’Association sénégalaise d’astronomie en compagnie de religieux scrutent la lune mardi à Dakar

Au Sénégal par exemple, il est de coutume que les différents groupes musulmans démarrent en ordre dispersé. Cette année, la coordination des musulmans du Sénégal débute mardi alors que la Commission d’Observation du croissant lunaire choisit de démarrer le mercredi. L’Association sénégalaise d’astronomie s’est associée à plusieurs communautés musulmanes du pays pour observer le croissant lunaire depuis le point le plus à l’ouest du continent africain, situé à Dakar.

La BBC était sur place et la lune n’a pas été vue à l’œil nu ou avec les télescopes. Toutefois certains musulmans du pays décident de démarrer leur jeûne en se basant soit sur le calcul astronomique, soit sur la visibilité de la lune dans d’autres parties du monde.

Au Congo, face à la difficultés d’observer le croissant lunaire à l’œil nu en raison de conditions météorologiques, la Communauté islamique du pays décide de suivre des pays comme l’Arabie saoudite ou le Qatar.

« Il y a toujours une commission à chaque début du mois de ramadan. Mais avec la pollution, nous avons du mal à voir la lune car ce n’est pas clair. Nous nous referrons à la décision de pays ayant plus de moyen comme l’Arabie Saoudite et le Qatar. Nous suivons les dates fixées par ces pays pour débuter le jeûne ou y mettre fin », indique Djuma Twara, secrétaire général de la Communauté islamique du Congo.

En France, le Conseil français du culte musulman et la Grande mosquée de Paris, se basent sur le calcul astronomique pour déterminer le début du jeûne. Depuis le 1er avril, les musulmans de France savent que le ramadan commence le 13 avril 2021. Dans ce pays, le science est mise en avant pour calculer le début et la fin du mois le plus sacré de l’Islam.

 

Au Maroc, l’observation à l’œil nu est de rigueur. Ainsi, le ministère des Habous et des Affaires islamiques annonce le début du jeûne pour le mercredi 14 avril, 2021 . Et ce, après que la lune n’a pas été vue après le coucher du Soleil par une commission d’observation officielle.

Au Sénégal, religieux et scientifiques se sont unis pour observer la lune

 

 

 

Ndèye Khady LO

Senior Digital Journalist

 

 

Source : BBC Afrique

 

 

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