La Chine émet des doutes sur l’efficacité de ses propres vaccins

Pour la première fois, un scientifique chinois haut placé a reconnu publiquement samedi que les vaccins chinois avaient une efficacité relativement faible comparée à ceux fabriqués selon le procédé de l’ARN messager, comme celui de Pfizer-BioNTech.

C’est un aveu de faiblesse rare de la part d’un haut responsable chinois. Le directeur du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, Gao Fu, a reconnu, samedi 10 avril, que l’efficacité des vaccins chinois était faible. Ils « n’ont pas des taux de protection très élevés », a-t-il déclaré lors d’une conférence dans la ville de Chengdu, dans le sud-ouest du pays. Raison pour laquelle le gouvernement chinois envisagerait de les mélanger pour les renforcer.

C’est la première fois qu’un scientifique chinois haut placé reconnaît publiquement que les vaccins chinois, qui utilisent un virus pour déclencher le système immunitaire, ont une efficacité relativement faible comparée aux vaccins fabriqués selon le procédé expérimental de l’ARN messager. Les propos de Gao Fu viennent saper les efforts du gouvernement chinois, qui ne cesse de vanter les mérites des vaccins nationaux et qui distribue des centaines de millions de doses à l’étranger, tout en semant le doute sur les alternatives occidentales, en particulier le vaccin Pfizer-BioNTech de type ARN.

« La question de savoir si nous devrions utiliser différents vaccins issus de différentes lignes techniques pour le processus de vaccination est désormais officiellement à l’étude », a ajouté M. Gao. Un autre responsable du Centre de contrôle et de prévention des maladies, Wang Huaqing, a déclaré que des développeurs chinois travaillaient sur des vaccins à base d’ARN messager. « Les vaccins à ARN développés dans notre pays sont également entrés dans la phase d’essai clinique », a-t-il expliqué, sans donner de calendrier pour une éventuelle utilisation.

Des combinaisons à l’étude

 

Les experts affirment que le mélange de vaccins, ou l’immunisation séquentielle, pourrait renforcer leur efficacité. En Grande-Bretagne, des chercheurs étudient ainsi une éventuelle combinaison du vaccin Pfizer-BioNTech et du vaccin traditionnel d’AstraZeneca.

En Chine, les vaccins fabriqués par Sinovac, une entreprise privée, et Sinopharm, une entreprise d’Etat, ont constitué la majorité des vaccins chinois distribués dans plusieurs dizaines de pays, dont le Mexique, la Turquie, l’Indonésie, la Hongrie et le Brésil. Des chercheurs brésiliens ont constaté que l’efficacité du vaccin Sinovac pour prévenir les infections symptomatiques ne dépassait pas 50,4 % – soit près du seuil de 50 % à partir duquel les experts de la santé estiment qu’un vaccin est utile. En comparaison, le vaccin Pfizer-BioNTech s’est révélé efficace à 97 %.

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Un porte-parole de Sinovac, Liu Peicheng, a reconnu que des niveaux d’efficacité variables avaient été constatés, tout en précisant que cela pouvait être dû à l’âge des personnes participant à une étude, à la souche du virus et à d’autres facteurs.

Si M. Gao n’a donné aucun détail sur d’éventuels changements de stratégie, il a cité l’ARN messager comme une possibilité. « Tout le monde devrait considérer les avantages que les vaccins à ARN peuvent apporter à l’humanité, a-t-il déclaré. Nous devons le suivre attentivement et ne pas l’ignorer simplement parce que nous disposons déjà de plusieurs types de vaccins. » Gao Fu avait auparavant mis en doute la sécurité des vaccins à ARN messager, tout comme les médias d’Etat chinois et les blogs scientifiques.

Selon les experts de la santé, il est peu probable que les vaccins chinois soient vendus aux Etats-Unis, en Europe occidentale et au Japon, en raison de la complexité du processus d’approbation. De son côté, Pékin n’a pas encore approuvé l’utilisation de vaccins étrangers en Chine.

Au 2 avril, quelque 34 millions de personnes en Chine avaient reçu les deux doses requises pour les vaccins chinois et environ 65 millions en avaient reçu une, selon M. Gao. La Chine s’est fixée pour objectif d’injecter une première dose à 40 % de sa population (soit 560 millions d’habitants) d’ici à la fin du mois de juin.

 
 

 

 

 

 

Source : Le Monde avec AP

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