Rapport de l’OMS sur les origines du Covid-19 : un incident de laboratoire « extrêmement improbable »

L’étude menée conjointement par l’Organisation mondiale de la santé et des experts chinois privilégie l’hypothèse d’une transmission à l’homme par un animal intermédiaire. De nombreux spécialistes jugent toutefois que l’OMS n’a pas pu enquêter en toute liberté.

Sans surprise, l’étude conjointe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et d’experts chinois a conclu que la transmission à l’homme par un animal intermédiaire est une hypothèse « probable à très probable », tandis qu’un incident de laboratoire reste « extrêmement improbable ».

Selon la version finale du rapport dont l’Agence France-Presse (AFP) a obtenu une copie, lundi 29 mars, les spécialistes ont jugé que, « compte tenu de la littérature sur le rôle des animaux d’élevage en tant qu’hôtes intermédiaires pour les maladies émergentes, il est nécessaire de réaliser d’autres enquêtes incluant une plus grande étendue géographique ».

Les experts privilégient la théorie généralement admise de la transmission naturelle du virus d’un animal réservoir – probablement la chauve-souris – à l’homme, par l’intermédiaire d’un autre animal qui n’a pas encore été identifié.

La transmission directe du virus par l’animal réservoir est toutefois jugée « possible à probable », dit le rapport. Les experts n’ont par ailleurs pas écarté l’hypothèse d’une transmission par de la viande surgelée, une piste privilégiée par Pékin, qui juge ce scénario est « possible ».

Le rapport recommande de poursuivre des études sur la base de ces trois hypothèses, mais il balaie, en revanche, la possibilité que le virus ait été transmis à l’homme en raison d’un accident de laboratoire.

L’administration de l’ancien président américain, Donald Trump, avait accusé l’Institut de virologie de Wuhan, qui mène des recherches sur des pathogènes très dangereux, d’avoir laissé s’échapper le coronavirus, volontairement ou non. Dans leur rapport, les experts expliquent ne pas avoir étudié le cas d’une fuite volontaire, et jugent « extrêmement improbable » un accident.

 

Une marge de manœuvre restreinte

 

Dans ses conclusions, le rapport dit que les études de la chaîne d’approvisionnement du marché de Huanan, l’un des principaux de Wuhan, et d’autres marchés de la ville, n’ont pas permis de trouver « des éléments de preuves de la présence d’animaux infectés ». Les experts ajoutent toutefois que « l’analyse des chaînes d’approvisionnement a fourni des informations » utiles pour des études de suivi ciblées, notamment dans des régions voisines.

 

Lire la tribune : « Nous souhaitons une enquête sur les origines de la pandémie de Covid-19 approfondie et crédible »

 

Les experts appellent également à « ne pas négliger les produits d’origine animale provenant de régions situées en dehors de l’Asie du Sud-Est ». Et de conclure : « Les enquêtes doivent être conçues (…) dans des zones plus vastes et dans un plus grand nombre de pays ».

La mission sur les origines de la transmission du Covid-19 à l’homme, jugée extrêmement importante pour tenter de mieux lutter contre une possible prochaine épidémie, avait eu du mal à se mettre en place en raison des réticences de la Chine. Ce n’est qu’en janvier et février, soit plus d’un an après le début de l’épidémie que dix enquêteurs de l’OMS avaient pu se rendre sur place.

Ils ont passé quatre semaines en Chine et se sont rendus notamment à Wuhan. Mais de nombreux spécialistes considèrent qu’ils n’ont pas eu assez de latitude pour travailler librement. La désignation des dix experts-enquêteurs avait notamment été au centre d’intenses tractations entre Pékin et l’OMS. La Chine avait obtenu de coopter les scientifiques en question et de restreindre leur marge de manœuvre.

Lire aussi l’enquête : Les silences de la Chine, un virus repéré dès 2013, la fausse piste du pangolin… Enquête sur les origines du SARS-CoV-2

 

Source : Le Monde avec AFP

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