
A force de garder le silence durant toutes les enquêtes préliminaires de la police des crimes économiques et financiers, c’est son registre d’immunité présidentielle qui vient d’être balayé par la justice. L’ex-président Ould Abdel Aziz est inculpé pour corruption, enrichissement illicite et blanchiment d’argent par le procureur de la République.
Les observateurs attendent la confirmation des réquisitoires par le juge en dernier ressort qui devra décider du sort de l’ancien chef d’Etat placé sous contrôle judiciaire en attendant la fin des enquêtes pénales. Sauf rebondissements de dernière minute, Ould Abdel Aziz ne devrait pas échapper à un procès.
Les accusations de corruption, d’enrichissement illicite et blanchiment d’argent sont d’une gravité extrême dans un pays où plus de la moitié de la population vit au- dessus du seuil de pauvreté alors qu’il recèle d’importantes ressources naturelles plus que ses voisins au Sahel. Un paradoxe qui donne un sens et une portée à cette inculpation qui ouvre la voie au recouvrement des biens volés à l’Etat devant un tribunal ordinaire.
L’ancien président des pauvres devra justifier sa fortune colossale durant la décennie 2009-2019 dont une partie a été révélée par le parquet général en attendant d’autres découvertes dans la caverne d’Ali Baba d’ici la fin de ce feuilleton politico-judiciaire.
Les mauritaniens attendent surtout la fin de plusieurs décennies d’impunité de la classe dirigeante civile et militaire et au-delà de cette affaire de la décennie espérer que la condamnation pour la première fois d’un ancien président de la république remette à jour des questions conséquentes dont la plus importante est l’abrogation de la loi d’amnistie de 93 qui protège in fine les criminels des 28 soldats noirs assassinés à Inal en 91 et dont les veuves et orphelins réclament toujours leurs corps pour des sépultures dignes .
Et enfin la réouverture du dossier du passif humanitaire pour le retour de près de 15000 réfugiés au Sénégal et au Mali. E
n définitive, c’est l’indépendance du système judiciaire qui est pointée du doigt, talon d’Achille de tous les locataires du palais de Nouakchott depuis 1960 car l’unité nationale et la cohésion sociale ne peuvent pas cohabiter avec l’impunité comme mode de gouvernance.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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