Mauritanie : au-delà de l’inculpation de l’ex-président Ould Abdel Aziz

L’ancien président mauritanien Ould Abdel Aziz vient d’être rattrapé par l’histoire avec son inculpation pour corruption. Son procès est attendu par les mauritaniens dont le rêve est brisé en 2008 avec le putsch contre le premier président civil élu démocratiquement Sidi Ould Cheikh Abdallahi et ils regrettent amèrement sa gouvernance autoritaire pour des réformes constitutionnelles et sans doute ils gardent de mauvais souvenirs sur les arrestations de tous ses adversaires politiques conduisant pour ceux qui ont la chance à l’exil.

 

Et ce sont les deux composantes nationales les négro-africains de la vallée et les haratins des villes et des campagnes qui se sont sentis les plus exclus et marginalisés durant deux quinquennats où les premiers ont subi une accélération de la colonisation de leurs terres de cultures et les seconds une répression policière de leurs militants anti-esclavagistes et une fuite en avant de l’application des lois contre l’esclavage.

Au-delà de l’inculpation pour corruption c’est la confiscation de l’état de droit qui est pointée par les observateurs. C’est cette justice bafouée pendant plus de 10 ans comme un effet du boomerang c’est à dire qui se retourne contre lui mais dans la stricte légalité dans le cadre d’abord d’une enquête parlementaire qui a révélé au monde le vrai visage de l’ex-président Ould Aziz un homme d’affaires chevronné et qui aura pillé les ressources du pays et usé de la corruption systématique comme mode de gouvernance pour enrichir son clan familial et ses proches hommes d’affaires et collaborateurs de son gouvernement.

C’est cette affaire dite de la décennie qui retient toujours le souffle des mauritaniens en attendant un procès historique.  L’histoire retiendra que c’est son ambition personnelle qui l’a poussé en 2008 à faire un coup de force contre le premier président civil élu démocratiquement. Un coup d’arrêt de la démocratie pour signer le retour de l’autoritarisme et l’encouragement à l’enrichissement illicite. Les mauritaniens regrettent d’avoir changé de drapeau et d’hymne national qui ont longtemps rythmé leur vie et rendu fiers d’appartenir à une même nation à un même pays à une même république islamique.

Un chantier pour Ould Ghazouani pour ouvrir des perspectives de changement des symboles nationaux en phase avec l’histoire et la diversité culturelle. Ould Aziz symbolise également la réduction de l’opposition à sa simple expression en refusant le dialogue politique auquel il était tenu de respecter selon les accords de Dakar de 2008 qui ont consacré à son élection en 2009 et dans cette lancée en arrêtant ses adversaires politiques dont le leader haratin Biram Abeid qui n’a jamais connu autant d’arrestations et d’emprisonnements. C’est en prison d’ailleurs qu’il sera élu député de l’IRA ou en les poussant à l’exil comme son cousin le milliardaire Bouamatou qui l’ a soutenu financièrement lors de la  campagne présidentielle de 2019.

Les mauritaniens seront soulagés si dans quelques jours ou quelques mois celui qui paraissait jusqu’ici intouchable et arrogant se retrouve derrière les barreaux ainsi que toute sa bande de voleurs de la caverne d’Ali Baba.

 

 

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 12 mars 2021)

 

 

 

 

Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Quitter la version mobile