Quoi de neuf sous le soleil africain?

Depuis le 26 Février, l’ouverture d’un procès pèse sur les épaules de Vincent Bolloré. Il a reconnu avoir contribué financièrement à la communication du candidat Faure Gnassingbé, lors de la présidentielle en 2010, en échange d’avantages dans la concession du port de Lomé. Un aveu « spontané » dont il espérait l’arrêt du processus judiciaire à son encontre. Une sorte de règlement à l’amiable, en somme. Las, la justice a conclu, au terme de l’instruction du dossier, à un pacte de corruption scellé entre la direction du groupe Bolloré et l’actuel président du Togo, réélu pour un quatrième mandat en Février 2020, après déjà cinquante-trois ans de règne de sa famille sur le pays.

Une première qui, on l’espère, fera tâche d’huile. Les milliardaires français, qui ont fait de l’Afrique leur chasse gardée, flirtant avec les dictatures en place, se sont toujours considérés en territoire conquis. Avec la bénédiction bienveillante de l’ancienne métropole. La témérité du juge qui poursuit Bolloré finira-t-elle par payer et permettre de lever un coin du voile sur les relations mafieuses que cet homme d’affaires et ses semblables entretiennent avec les Gnassingbé, Bongo, N’guesso et compagnie ?

Balayons devant notre porte. La concession portuaire accordée par Ould Abdel Aziz à la société Arise au cours des derniers mois de son règne entre-t-elle dans ce cadre ? En échange de quoi autant de facilités furent concédées à une entreprise loin d’être leader en ce domaine ? Fort bizarre, la précipitation d’Ould Abdel Aziz de finaliser cette convention en catimini, réunissant sept ministres le même jour à la même heure pour la signer ! Il est à peu près certain qu’il y a une grosse anguille sous roche mais malgré les efforts louables de la commission d’enquête parlementaire, l’écheveau n’a pu être démêlé. D’autant moins que l’alerte a obligé de beaucoup plus gros intérêts – requins sous l’anguille ? – en l’occurrence Méridiam, un groupe français – encore ! Mais on devine, sous le 100% tricolore, de plus internationales combines… – ne fassent irruption, acquièrent la majorité de la concession et multiplient les démarches (Macron a été appelé à la rescousse) pour que la convention ne soit pas abrogée. Bolloré en Guinée et au Togo, Elf au Congo, Total au Sénégal, Méridiam en Mauritanie, tous dans le même panier de la France-à-fric dont les africains ne seraient pas près de sortir ?

Peut-être mais on remarquera tout de même au moins une nuance de taille entre tous ces manipulateurs. Fondée en 2005, Méridiam fait en effet partie de cette nouvelle génération d’entreprises dites « sociétés à mission » qui se donnent statutairement une finalité d’ordre social ou environnemental en plus du but lucratif. Simple façade ou volonté réelle de promouvoir un monde plus juste, donnant du sens à la technique ? Auquel cas le remue-ménage de notre CEP aurait eu cet insigne effet de promouvoir une nouvelle approche du partenariat international public-privé… Wait and see : il reste à Mediapart de le prouver.

 

Ahmed Ould Cheikh

 

 

 

 

Source : Le Calame(Le 09 février 2021)

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