La Journée nationale de lutte contre les pratiques esclavagistes, organisée par le Commissariat aux Droits de l’Homme, avec l’appui du Projet Bridge du BIT, a été célébrée le 6 mars 2021 à Zouerate. Nouveauté, le Commissariat aux Droits de l’Homme peut désormais ester en justice et se porter partie civile dans les cas d’esclavage et de traite des personnes.
La capitale du Tiris-Zemmour, Zouerate, a abrité samedi 6 mars 2021, la commémoration de la journée nationale de lutte contre les pratiques esclavagistes. Sous le slogan « Ensemble luttons contre le travail forcé », l’évènement a été marqué par la déclaration des partenaires sociaux et de la société civile ficelée à l’issue de la journée préparatoire du vendredi 5 mars à la Nouvelle Maison des Jeunes. Plusieurs recommandations ont été formulées à l’intention du département du Pétrole, des Mines et de l’Energie et celui de la Fonction Publique, dans le domaine de l’orpaillage, de la sous-traitance et des travailleurs domestiques. Il s’agit notamment de la couverture santé, de la mise en place de mécanismes de suivi et de contrôle des droits des travailleurs, de la conduite d’un dialogue entre les partenaires sociaux, et la mise à niveau de l’Arrêté 1797 portant sur les emplois domestiques, entre autres.
Les participants, organisations des droits de l’homme, syndicats de travailleurs et employeurs, ont suivi trois communications. La première, présentée par le Directeur des Droits de l’Homme, Sidi Mohamed Ould Cheikhna, a porté sur la Loi 2020-017 relative à la prévention et la répression de la traite des personnes. Elle a été suivie par un exposé comparatif, présenté par le Directeur adjoint aux Droits de l’Homme, Sid’Ahmed Ould Saleck, entre la Loi 2020-017 et la Loi 031-2015 portant incrimination de l’esclavage et réprimant les pratiques esclavagistes. Il a précisé que la Loi 2020-017, à travers ses 75 articles, englobe et élargit les dispositions de la loi 2015-031 (27 articles). Enfin, le Directeur des Affaires Pénales et de l’Administration pénitentiaire, le magistrat Moulaye Abdallah Ould Baba, s’est longuement attardé sur les outils nationaux de lutte contre l’esclavage et la traite des personnes.
Il faut noter qu’à l’ouverture officielle de la journée, le Commissaire aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile, M. Hassena Ould Boukhreiss, a rappelé l’importance de cette journée qui traduit selon lui, « l’engagement du gouvernement à poursuivre ses efforts dans l’éradication des séquelles de l’esclavage et de ses formes contemporaines ». Il a évoqué l’adoption par le gouvernement de la loi 2020-017 relative à la prévention et la répression de la traite des personnes ainsi que son plan d’action élaboré par son département, qui viennent consolider selon lui l’arsenal juridique et institutionnel dans le domaine de la lutte contre la traite des personnes et la protection des droits humains. Une étude sociologique est en cours, a-t-il souligné, pour renseigner l’ampleur du phénomène en Mauritanie, ses causes et ses manifestations, afin de dégager des solutions pour son éradication. Enfin, il a évoqué une autre mission que vient de lui conférer le gouvernement, dans la protection, la réception et le traitement des plaintes, mais aussi de se constituer partie civile dans les affaires d’esclavage, de traite des personnes et des migrants.
Auparavant, le Représentant du Bureau du Haut-commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme en Mauritanie, M. Laurent Meillane, avait souligné que « le travail forcé qui est considéré comme une forme d’esclavage affecte 24 millions de personnes à travers le monde, selon le BIT ». Parlant de la Mauritanie, il a souligné que la lutte contre le travail forcé est importante, parce que le pays a déployé des efforts législatifs et institutionnels de grande envergure pour mettre fin à l’esclavage.
L’adjoint du maire de Zouerate, Bowba Ould Sidi, avait souhaité la bienvenue aux invités, saluant l’organisation de cette journée dans sa commune.
Avaient assisté à l’ouverture officielle, le Ministre de la Fonction Publique, du Travail et de la Modernisation de l’Administration, M. Camara Salimou Mohamed, les autorités administratives de la Wilayas et les élus, ainsi que le Coordinateur du Projet Bridge en Mauritanie, M. Mark Ninerola.
Cheikh Aïdara
Source : Thaqafa
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