L’assaut de nombreux supporters marseillais sur le centre d’entraînement du club samedi après-midi et le report du match qui s’en est suivi ont attiré l’attention des médias étrangers. Le quotidien argentin Clarín écrit notamment que leur “fureur s’est déchaînée”.
“C’est le chaos à Marseille”, n’hésite pas à commenter la Gazetta dello Sport quelques heures après que des supporters ont attaqué le siège de l’Olympique de Marseille. “Les défaites de ces dernières semaines ont déclenché une crise à tous les niveaux”, ajoute le quotidien sportif italien.
Le club du sud de la France a perdu ses trois derniers matches en Ligue 1 et occupe la septième place du championnat, à 14 points du leader lyonnais. “Le géant endormi”, selon The Sun, a par ailleurs fini dernier de son groupe en Ligue des Champions avec une seule victoire en six matches.
Samedi 30 janvier, dans l’après-midi, un groupe de plusieurs centaines de personnes cagoulées s’est approché du centre Robert Louis-Dreyfus pour faire entendre sa colère. La manifestation a rapidement dégénéré avec jets de pierres, pétards, fumigènes, arbres incendiés, raconte le Corriere della Sera. Quelques supporters ont ensuite réussi à pénétrer à l’intérieur de la structure, endommageant locaux et véhicules. La police a arrêté 25 personnes. Sept policiers auraient été blessés.
Pour Bild, “ce sont des scènes qui n’ont rien à voir avec le football, mais qui nous rappellent plutôt une guerre ou un vol”. Le tabloïd allemand évoque “des images qui font peur”. Peur au point de pousser la Ligue de football professionnel à reporter, par sécurité, le match prévu à 21 heures contre le Stade rennais dans la cité phocéenne.
Le club a publié un communiqué, repris par A Bola, quotidien sportif portugais comme Andres Villas Boas, l’entraîneur de l’OM. “Malgré l’intervention des forces de l’ordre, un déchaînement de violence injustifiable a mis en danger la vie des personnes présentes sur place”, dénonce la direction. “Les plaintes seront déposées dans les prochaines heures pour faire valoir les droits du club à l’encontre de cette barbarie”, prévient le texte.
Les joueurs aussi ont réagi. “Cela fait 13 ans que je suis joueur de l’Olympique de Marseille”, a déclaré Steve Mandanda, le capitaine de l’équipe. “Je connais tout de ce club, je sais l’amour et la frustration qu’il peut susciter. Mais les événements d’aujourd’hui m’attristent et sont inacceptables. Nous sommes des joueurs de football et une crise sportive ne peut en aucun cas justifier un tel déferlement de violence. L’heure est à l’apaisement”.
As retient logiquement les propos du défenseur Alvaro, touché au dos par un projectile lors de ce que le quotidien sportif espagnol qualifie de “graves altercations”. Le joueur apprécié des supporters pour son engagement sur le terrain a confié au site officiel du club : “Je suis venu à l’Olympique de Marseille à cause de son histoire et de la passion qui l’entoure. Cette ville est magnifique, nous aimons tous ce club, mais ce que nous avons vécu aujourd’hui ne devrait plus se reproduire”.
“La fureur des supporters s’est déchaînée à Marseille”, comme le décrit Clarín, mais les mauvais résultats du moment n’en sont pas la seule explication. Des tensions dans le vestiaire ont été rendues publiques et cette semaine, l’entraîneur a fait comprendre qu’il ne prolongerait pas son contrat au-delà du mois de juin.
Le président du club, cible des critiques
Le président Jacques-Henri Eyraud est “dans la ligne de mire”, explique La Repubblica. La grande majorité des messages criés et affichés par les supporters le visait. Les tensions durent depuis des semaines, rappelle le quotidien italien, et M. Eyraud, un Parisien, “semble avoir rendu sa position intenable après s’être exprimé sur le danger d’avoir trop de supporters marseillais parmi les employés du club”, affirme La Repubblica.
Ce “technocrate exemplaire”, diplômé de Harvard, exemple de ces dirigeants “dégoûtés par le fanatisme dans le football” paraît plus que jamais “en contradiction” avec “la foule passionnée du port méditerranéen le plus fréquenté de France”, précise El País.
Pour le quotidien espagnol, les événements du jour illustrent les problèmes d’une Ligue 1 frappée par une dure crise économique à cause de la pandémie et du retrait de Mediapro, son principal diffuseur. “La suspension d’un match pour ultra-violence révèle une situation insoutenable qui touche l’ensemble du football français”, conclut le journal. Les supporters de Saint-Etienne ont eux aussi eu des échanges agités avec leur équipe ce week-end.
Les incidents ont également fait réagir de l’autre côté de l’Atlantique. Frank McCourt, le propriétaire du club, est américain. En rachetant le club en 2016, il avait affiché son ambition de mener un “Champions Project” et sa volonté de rivaliser avec le PSG, financé par le Qatar, rappelle CBS Sports.
“Trois choses sont certaines dans la ville : la mort, les impôts et le fait que Frank McCourt rate tout ce qu’il entreprend”, se moque Dodgers Nation, un site consacré à l’actualité des Los Angeles Dodgers. Une équipe de baseball dont le milliardaire a été propriétaire, ne laissant visiblement pas de grands souvenirs aux supporters.
Source : Courrier international
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