Mauritanie : Le Premier Ministre Ould Bilal de nouveau devant les députés

Le passage du premier ministre mauritanien M. Mohamed Ould Bilal devant l’assemblée nationale cette semaine à Nouakchott focalise l’attention des observateurs.  Il est apparu plus à l’aise que lors de son premier passage, donnant l’impression d’avoir pris ses marques dans ses fonctions de Premier Ministre.

 

Comme pour le reste du monde confronté à la pandémie de la Covid-19, 2020 a été une année difficile pour le gouvernement mauritanien. Le plan de relance économique initié par le gouvernement a livré des premiers résultats encourageants  suite notamment aux réformes engagées dans les secteurs sociaux au cœur de l’action gouvernementale. La Délégation Générale à la Solidarité Nationale et à la Lutte contre l’Exclusion, dotée de 20 milliards d’Ouguiyas nouveaux est entrée dans sa deuxième phase de transfert d’argent. Elle devra atteindre  plus de 210 000 ménages démunis dans le pays selon les prévisions. La riposte contre le coronavirus aura coûté au trésor public 25 milliards d’Ouguiyas nouveaux pour la création du fonds de solidarité sociale. De quoi satisfaire donc M. Ould Bilal.

Autre motif de satisfaction, la récupération de 50 millions d’Ouguiyas nouveaux  des mauvais payeurs de l’Etat. Mais le suspense reste de mise au sujet du rapport de la Commission d’Enquête Parlementaire portant sur la décennie du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Le rapport avait mis en évidence de graves cas de corruption et de détournements de deniers publics et avait demandé que des poursuites soient engagées contre les responsables de ces actes.

En attendant, la suspension de la dette extérieure consécutive à la pandémie est un ballon d’oxygène pour les finances publiques.  Ce qui a permis entre autres au gouvernement de recruter plus de 1300 employés de la santé pour combler le déficit d’un secteur sur le front d’une deuxième vague plus meurtrière.

Mais le front commun est cependant mis à l’épreuve devant les revendications de l’opposition pour une gestion transparente des fonds mobilisés contre la covid-19.  La riposte à la pandémie offre l’opportunité de restructurer un secteur dont plusieurs pans font le bonheur du privé , y compris pour la gestion des bouteilles d’oxygène pour les hôpitaux.

Autre nuage assombrissant le ciel pour le gouvernement de M. Ould Bilal en ce début 2021,la spéculation des commerçants qui s’est traduite par une hausse vertigineuse du prix des denrées alimentaires. Cette situation pénalise davantage les ménages les plus démunies déjà durement éprouvées par le ralentissement économique.  Le gouvernement espère maitriser l’inflation en qualifiant ces denrées de produits stratégiques.

Sur le front de  l’agriculture, la pandémie et la fermeture de la frontière à Guerguerate a montré la dépendance du pays vis-à-vis des importations. Cette situation a rappelé l’urgence de développer les filières locales pour assurer la couverture des besoins nationaux notamment pour les légumes.

Sur le front social, l’amélioration des salaires des enseignants, des personnels soignants et même des députés coïncide avec une inflation qui atténue l’objectif d’augmentation du pouvoir d’achat.

Au plan politique, le chantier de l’unité nationale reste encore à investir. Les appels constants au règlement définitifs des graves manquements aux droits de l’homme des années 1989-1991 (ce qui pudiquement appelé passif humanitaire) restent un frein à l’unité nationale. Tous problèmes que le dialogue national appelé de ses vœux par l’opposition pourrait inscrire sur son agenda.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 30 janvier 2021)

 

 

 

 

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